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Obama, … encore !!!

Je ne résiste pas au plaisir de publier ci-dessous une analyse de mon ami  -et néanmoins camarade- Claude Nicolet.

Le 18 mars dernier, Barack Obama a prononcé un discours à Philadelphie dont l’importance fera probablement date.

Le sénateur Obama, candidat à la candidature pour l’élection présidentielle aux Etats Unis d’Amérique était dans une situation difficile suite à certaines déclarations du révérant Jeremiah Wright, dont il était très proche. Cet homme a en effet eu des propos très durs sur la politique intérieure et étrangère des Etats Unis plaçant Barak Obama en situation délicate. Se démarquant clairement des propos du pasteur, il a néanmoins refusé de le renier en affirmant «  qu’il portait en lui les contradictions de la communauté  »

Ce qu’il y a de passionnant et de remarquable dans ce discours, c’est qu’il procède d’un double mouvement. Il est à la fois une déconstruction et une mise en perspective permettant de produire une vision politique.

Il s’inscrit tout d’abord profondément dans l’histoire de ce pays sans en rejeter les contradictions, en particulier le «  pêcher originel  »de l’esclavage en décalage complet avec la déclaration d’indépendance. Cette inscription dans l’histoire et dans le volontarisme que cela sous entend, doit selon lui inciter à l’action. Rien n’a été donné, il a fallu se battre pour conquérir les droits civiques et civiles, lutter contre les discriminations pour «  réduire l’écart entre la promesse de nos idéaux et la réalité du temps  ». Le souhaitable est possible à condition de le vouloir pour tous car il ne peut se réaliser au détriment de l’Autre.

Il pose ainsi clairement la question raciale dans un long préambule à son intervention comme préalable à la bonne compréhension de la réalité américaine qu’il ne faut pas chercher à récuser. Rappelant un certain nombre de vérités sur la société américaine, ses inégalités et les violences qu’elles engendrent. Mais «  on ne peut ignorer la problématique de la race  » dit il, elle est profondément enracinée dans l’identité du pays

Cependant cette violence ne doit rien au hasard mais plutôt au résultat de l’histoire et des politiques qui furent menées aux Etats Unis d’Amérique. Ce pays porte en lui ces immenses contradictions et il ne sert à rien d’essayer de les nier ou de les contourner. Pratiques inégalitaires dans tous les domaines n’ont eu comme résultat que «  l’échec et le gâchis comme expérience légués aux générations futures  ». Dès lors, le racisme devenait une «  définition du monde  ». La «  colère noire  » ne peut être comprise sans cela, et le révérant Wright porte en lui cet héritage.

Mais la force du discours d’Obama tient au fait qu’il analyse aussi les raisons de la «  colère blanche  » venant des milieux populaires ou de la classe moyenne qui n’avaient pas le «  sentiment que son appartenance raciale était un privilège  ». Face à la discrimination positive, face aux aides sociales dont les blancs se sentaient exclus, face à ce qu’ils ressentaient comme une injustice et une inégalité, surtout pour ceux qui ne sentent en rien responsables des crimes esclavagistes. La rancœur est grande et c’est sur ce terreau que la coalition néo libérale puis néo conservatrice s’est bâtie.

Il réussi à déconstruire et à expliquer au peuple américain, les maux dont souffrent sa société.

Dès lors il faut voir en face les «  vrais problèmes : une culture d’entreprise où les délits d’initiés, les pratiques comptables douteuses, la course aux gains rapides sont monnaie courante, une capitale sous l’emprise des lobbies et des groupes de pression, une politique économique au service d’une minorité de privilégiés (…)° qu’il est temps maintenant de parler des écoles délabrées qui dérobent leur avenir à nos enfants, des urgences médicales aux files interminables et d’un système de santé qui s’effondre, des usines qui ont fermées leurs portes, des maisons qui sont à vendre, des entreprises qui délocalisent dans le seul but de faire du profit  ».

Ce faisant, il subordonne en fait la question raciale à la question sociale et à l’organisation sociale de la société américaine. Il propose alors de mettre en place un projet politique qui permettrait à l’individu de se réaliser et de s’émanciper en tentant de s’affranchir du déterminisme racial qui l’entrave tout en «  assumant le passé sans en être victime  ». Il ne s’agit pas d’une alliance des races mais bien d’une réflexion sur les structures économiques et sociales de la société américaines.

Le fait de voir revenir sous cette forme la question sociale au premier plan du discours d’un responsable politique américain qui peut devenir Président des Etats Unis d’Amérique, traduit incontestablement une évolution dans le rapport de force idéologique dans ce pays, mais aussi dans le monde.

Certes, Barack Obama est ancré dans la religion et y fait référence en permanence, certes son approche très rapide du conflit israélo palestinien est contestable, mais assurément un discours différent en terme d’analyse politique, économique et sociale est apparue.

C’est donc en abordant de front ces questions économiques et sociales qui constituent selon Obama le cœur des problèmes de la société de son pays, que l’on pourra aller «  vers une union plus parfaite  ». Mais qui ne peut se faire qu’à la condition que chaque citoyen, entame le travail de perfection qui permettra à l’ensemble du peuple de prendre ce chemin. Car «  les rêves des uns ne doivent pas se faire au détriment du rêve des autres  ».

Il faut prendre la mesure des chocs qui sont entrain de se produire, crise économique et financière commencé cet été aux Etats Unis, contagion sur toutes les places boursières qui légitime à nouveau l’idée de nationalisation, effondrement de l’immobilier et d’une partie du crédit, renchérissement du coût de l’énergie et des matières premières, instabilité internationale majeure dans la corne de l’Afrique, en Irak, dans le Proche-Orient, en Afghanistan, tensions avec la Russie suite à l’extension de l’OTAN et à l’indépendance du Kosovo…La liste est longue

La question de la place et de la fonction de l’Etat va redevenir une question politique majeure dans les mois et les années à venir pour apporter de la régulation et de la sécurité aux citoyens. Pour qu’ils puissent vivre dans des sociétés ou ne règne pas seulement la loi du plus fort.

Ce sont ces grands mouvements qu’il faut être aujourd’hui en capacité de percevoir pour bâtir de grands projets politiques éventuellement à l’échelle d’un continent mais aussi à coût sûr, cohérent au niveau mondial. C’est à cette échelle là qu’il faut désormais se placer.

Elections américaines

barakobama1.bmp  Allez, ne boudons pas notre plaisir : Barak Obama est le nouveau président des Etats-Unis d’Amérique !

L’ère Bush est terminée, cependant, cette élection m’inspire un tas de réflexions contrastées.

Obama, dit-on, a été élu très largement -on parle même de raz-de-marée- mais si l’apparence est, en effet, telle : 338 grands électeurs contre 159 à McCain (à cette heure), le vote populaire réel est bien différent. Obama a obtenu 51% des voix. En France, on dirait que le pays est coupé en deux.

Si l’obamania a plus atteint le monde que les Etats-Unis, on ne peut cependant nier la ferveur populaire qui s’est exprimé non seulement cette nuit mais tout au long de la campagne électorale : des millions de gens votaient pour la première fois, principalement dans les classes populaires et chez les jeunes. Et ils se sentaient concernés, ils sentaient que leur vote comptait. 8 millions de volontaires, ce n’est pas rien !

Obama a su redonner fierté aux Américains. C’était franchement émouvant d’entendre, cette nuit, un jeune homme dire « on va changer notre politique étrangère et le monde va nous aimer de nouveau » ou cette femme : « je suis aujourd’hui fière d’être américaine, je peux dire « regardez mon pays », moi qui ai eu tellement honte qu’à l’étranger je me faisais passer pour suédoise ».

Obama a su, d’une certaine façon, dépasser le clivage racial. Il y a toujours 100 000 abrutis dans les organisations d’extême-droite et une grande partie de l’électorat républicain, derrière Palin, ne pouvait envisager de voter pour un Noir. Les Etats-Unis restent le pays du monde où segrégation sociale et ségrégation raciale se recoupent le mieux. Mais Obama ne s’est jamais situé lui-même comme un candidat ethnique et la foule, hier soir à Chicago, était clairement multiraciale. Et puis, comment ne pas comprendre la joie et la fierté des « afro-américains », comment rester insensible aux larmes du Révérent Jackson ?

Obama a su redonner l’espoir à un pays où il y a 40 millions de chômeurs, où, ces dernières semaines, 10 000 personnes devaient chaque jour, quitter leur maison dont elles ne pouvaient plus payer le crédit, à un pays où on peut mourir de faim, où on peut refuser de vous soigner dans un hôpital si vous n’avez pas d’assurance médicale privée.

Le programme de McCain était clairement de droite sociétalement comme économiquement et socialement : baisse des impôts, assurances privées, priorité aux grandes firmes privées pétrolières, d’armement et autres, remise en cause de l’avortement ou du mariage homo, impérialisme en politique étrangère,… tout jusqu’à la caricature.

Que va faire Obama ? Ses promesses sont bien différentes : plan de relance de l’économie et de la production pour contrer les effets de la crise financière et lutter contre le chômage, baisse des impôts pour 95% des Américains mais hausse pour les 5% les plus riches et taxations des plus-values boursières pour financer à travers une action de l’Etat (oui, Obama dit croire en l’action de l’Etat !), la recherche, l’éducation et les infrastructures. Une assurance médicale sera financée par une taxe sur les employeurs qui ne proposent pas une assurance à leurs salariés. Enfin le nouveau président s’est également engagé à quitter l’Irak dans les 16 mois. Pour le reste, en politique étrangère, le flou domine…

Alors, l’avenir est-il rose pour le peuple américain ? Sans doute pas. Le premier discours d’Obama élu était d’ailleurs un peu inquiétant : « vous ne serez pas toujours d’accord avec ce que je ferai ». Qu’est-ce qui se cache derrière ces mots ? Ca me rappelle quelque peu le 10 mai 1981. Tant d’espoirs levés pour « changer la vie » pour finir par changer d’avis…

Les Américains traversent une crise financière et un marasme économique sans précédent depuis 1929. Il faudra beaucoup de courage au 44ème président pour tenir ses engagements. Yes, he can ? Yes, they can ?

Obama va-t-il gagner ?

obama.bmp Si j’étais étasunienne, je voterai Obama.

Et pas seulement parceque c’est un beau mec.

Mais les jeux ne sont pas faits. Les sondages, qui d’ailleurs sont bien difficiles à interpréter, étant donné le système électoral des Etats-Unis, montreraient une diminution constante de l’avance d’Obama sur son adversaire.

Quel sera l’impact du critère racial ? Nous n’en savons rien.  La peur du changement ne retiendra-t-elle pas, au dernier moment, l’américain moyen ?

Alors, sachons raison garder : je trouve étonnant l’enthousiasme de la presse française pour le candidat démocrate. Déjà, elle avait cru à la victoire de Kerry, mais la société nord-américaine est bien complexe pour nous, citoyens français.

Il y a 4 ans une vision déformée de la « grandeur de l’Amérique » ainsi que l’attachement de cette société au chacun pour soi habillé du vocable de la « libre entreprise » et de la certitude que tout mérite est payé de retour, avait sauvé « W » d’une défaite annoncée. Ajoutons-y aussi le choix d’un candidat démocrate à la vice-présidence, sans aucune carrure et bien incapable d’aller mobiliser les voix ouvrières du nord-est… qui avaient finalement manqué à John Kerry.

Gardons-nous donc de tout optimisme prématuré !

 

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