Vous trouverez ci-dessous l’intervention que je viens de prononcer en Conseil de Paris.
Madame la Maire, Madame l’adjointe, cher-e-s collègues,
Voici une communication importante et tant attendue sur l’action de notre Municipalité pour promouvoir l’égalité Femmes/Hommes. Elle a été présentée, avec la conviction qu’on lui connait par la Maire de Paris.
Mon accord est entier et total avec les objectifs comme avec les moyens ici exposés.
Je rejoins la volonté de commencer dès l’école l’éducation à l’égalité ; je regrette la disparition des alphabets de l’égalité mais je salue les initiatives parisiennes particulièrement dans les collèges.
J’approuve l’action en faveur de l’égalité professionnelle comme la volonté de rendre visible le fait féminin, dans la culture mais aussi dans le sport, tant par la féminisation des noms de rues ou d’équipements que par la promotion de la pratique sportive féminine et l’accueil de manifestations de haut niveau.
Je soutiens toutes les actions spécifiques qui permettent aux femmes de choisir la parentalité : planification, contraception, accès à l’IVG.
Je salue avec fierté l’engagement de Paris dans la lutte contre la prostitution, dont certains professent qu’il s’agit d’un choix ; j’espère qu’ils trouveront matière à réfléchir avec la campagne sur ce sujet et en particulier l’excellente prestation de Bruno Solo et.
En matière de lutte contre les violences faites aux femmes, je remercie Hélène Bidard d’être toujours présente et à l’écoute à l’instar de la feuille de route que lui a confiée par la Maire. Je peux en juger, travaillant dans le 20ème avec le PAD spécialisé en ce domaine. La création de places en CHRS et la mobilisation de 50 logements sociaux répondent à une nécessité.
Enfin j’apprécie l’intelligence de la méthode proposée, basée sur la transversalité des différentes actions.
Si nous prenons donc aujourd’hui les moyens concrets d’avancer vers l’égalité des droits, ce combat n’est pas nouveau. Il en fallu des luttes pour acquérir le droit à l’éducation, le droit de vote, le droit de travailler, le droit de gérer son argent, le droit à l’autorité parentale… et aussi la contraception, l’IVG, la reconnaissance du viol ou des violences conjugales.
Tout ce qui sera fait à Paris, en faveur de l’égalité Femmes/Hommes aura une répercussion dans le monde pour les luttes des femmes, à commencer par celles qui subissent le joug des obscurantismes.
Le plus souvent ces obscurantismes sont le fait de lois théocratiques appuyant le pouvoir d’hommes rétrogrades. Saluons les femmes tunisiennes, égyptiennes, nigérianes, yéménites et de toutes celles qui se battent au péril de leur vie pour la liberté et leurs droits.
Saluons les hommes qui les soutiennent. Malek Chebel, par exemple, philosophe algérien, qui ose rappeler que « Contrôler l’espace, c’est contrôler la société. Voiler la femme, c’est la cantonner, car c’est un adversaire potentiel. La brimer, c’est éteindre toutes velléités de prise de pouvoir. »
Les religions n’ont jamais bien traité les femmes. Saint Paul disait : «L’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête: il est l’image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance». Les fondamentalistes aujourd’hui ne disent pas autre chose. Alors Mohamed Kacimi, romancier algérien dénonce : « Le hijab joue la fonction que lui a assigné Paul, il y a deux mille ans : signifier à la femme en public qu’elle est un être inférieur, bonne à museler ».
En France, Ghaleb Bencheick s’exprimait il y a quelque mois dans l’Humanité pour demander « une refondation de la pensée islamique » intégrant l’égalité hommes-femmes. C’est lui que nous devons aider, pas les régressistes comme Tariq Ramadan ou l’UOIF qui se parent d’une pseudo tolérance pour justifier la soumission des femmes. Méfions-nous de réflexes néo-colonialistes qui au nom d’un différencialisme culturel, nous empêcheraient de traiter l’autre comme un égal, une égale. Tournons notre soutien vers les courageuses femmes d’Iran qui se sont dévoilées le 8 mars comme vers celles d’Aubervilliers, qui savent, parce qu’elles le vivent, que le voile est une marque de l’effacement de la femme dans l’espace public.
Le combat pour la démocratie rejoint celui pour la liberté de la femme. Il est porté par de nombreux intellectuels comme le sociologue algérien Zoubir Arous ou par la sociologue à l’Université de Tunis Dorra Mahfoudh. Ce combat rejoint celui de la dépénalisation de l’homosexualité revendiquée en mai 2014 par l’écrivain et intellectuel marocain Ahmed Assid.
Tous les signes que les puissances publiques envoient doivent reconnaitre et promouvoir l’égalité Femmes / Hommes.
Aussi je me réjouis que la Ville de Paris fasse d’Asia Bibi une citoyenne d’Honneur. C’est une mesure de protection pour elle ; c’est un hommage rendu aux hommes qui l’ont défendue au péril de leur vie –certains ont été assassinés- au Pakistan en rejetant la loi sur le délit de blasphème dont elle est accusée, blasphème qui d’ailleurs, comme le dit André Comte-Sponville fait « partie des Droits de l’Homme, pas des bonnes manières ». Et, oui, on peut être croyant et progressiste.
Madame la Maire, Madame l’adjointe, merci de vos tribunes, de vos déclarations et de votre action pour la « Cause des femmes »… comme on disait jadis.