Depuis plusieurs jours, les commentateurs nous « bassinent » avec les prétendus « bons chiffres » du chômage. A les entendre, ce serait les meilleurs chiffres depuis 20 ans. Outre que se réjouir de ces chiffres qui oublient la réalité du vécu de ces femmes et de ces hommes privés d’emploi a quelque chose d’indécent, on me permettra de relativiser cet enthousiasme un peu nauséabond.
D’abord, parce qu’on oublie de dire que, si le nombre de personnes sans aucune activité a diminué, celui de celles qui ont une activité réduite a fortement augmenté. Vases communicants ? Sans doute. Et puis, surtout, parce qu’il ne faut pas oublier les radiations, nombre de chômeurs étant las au bout d’un certain temps de chercher un emploi introuvable. Et aussi les formations sans réel débouché. Tout est bon pour atteindre l’objectif : diminuer les statistiques. Peu importe de savoir si, derrière, les chômeurs ont une réelle chance de retrouver un emploi.
Pourtant, l’une des priorités affichées du gouvernement était la lutte contre le chômage. On voit le résultat aujourd’hui : pas un Français ne croit en cette « réussite ».
Sans doute, le gouvernement a-t-il un peu cherché à améliorer l’adéquation entre demandes et offres d’emplois et, pour cela, à favoriser l’intégration en entreprise… Mais de quelle intégration parlons-nous ? Celle qui fait des diplômés de l’enseignement supérieur des « apprentis », en fait des contrats précaires et sous-payés ? Celle qui généralise les stages et les nouvelles formations… sans espoir d’emploi pérenne ?
Hélas, il est devenu manifeste qu’aux yeux du gouvernement et du Président de la République, seules comptent les statistiques.
Presqu’au bout de ces 5 ans de législature, à part les quelques tentatives de Montebourg en 2012, quel est le résultat de la politique gouvernementale pour maintenir ou créer des emplois pérennes dans notre pays ? Nul, inexistant ! Rien de neuf pour empêcher les délocalisations, aucune mesure législative pour pénaliser la production étrangère, principalement dans les pays à faible coût de main d’œuvre, au profit des productions industrielles ou artisanales locales … Même le bel alibi de l’écologie n’est pas utilisé, alors, la question sociale… ! Rien n’a été fait pour que les demandeurs d’emploi puissent obtenir un vrai travail. Au contraire, la dégradation des rémunérations et des conditions de travail s’est amplifiée. L’ubérisation a explosé ; la précarité, comme le nombre de travailleurs pauvres, n’a cessé de croitre.
Quel sera le bilan de Hollande-Valls en 2017 à la fin du mandat présidentiel ? Pour l’immense majorité des salariés, confrontés eux-mêmes ou via leur famille à ce chômage endémique, à cette précarisation organisée, à cette destruction des solidarités méticuleusement organisée d’ANI en loi « Travail » avec l’acceptation de traités internationaux scandaleux, le peu d’espoir mis dans l’élection de 2012 s’est transformé en une cruelle déception. Pour eux, seules comptent le découvert de leur compte à la fin du mois, les achats qu’on ne peut pas faire faute d’argent, les difficultés à payer le loyer, les soins qu’on repousse, les vacances qu’on ne peut pas s’offrir, les restrictions qu’on impose à ses enfants, l’angoisse devant l’avenir…
Peu d’hommes et de femmes politiques semblent capables de regarder cette réalité en face, beaucoup la nient. Alors, faut-il s’étonner que nos compatriotes semblent de plus en plus enclins à se réfugier dans l’abstention et à refuser de choisir entre des écuries qui se ressemblent, du moins en apparence, même si cela conduit à privilégier le Front National ?
Une éclaircie dans ce triste tableau : la résistance du Parlement wallon au CETA et les manifestations sur le même sujet en France –RESO y était présente – et en Allemagne, notamment. Même si la stratégie de contournement du vote wallon semble avoir abouti puisque l’accord préliminaire a été signé, il est réjouissant de voir des parlementaires qui reprennent en main les questions pour lesquelles ils ont été élus ! Et puis, le combat n’est pas terminé, puisque les parlements nationaux doivent se prononcer. Comme ne l’est pas non plus le combat contre le traité prévu avec les Etats-Unis (TAFTA), qui semblait un moment enterré et qui refait surface.
Un mot d’humour grinçant pour terminer : le patron du Medef, vous savez celui qui a obtenu de Hollande des milliards pour les actionnaires des entreprises à travers le CICE, vient de se plaindre que la France était un pays communiste. Est-ce pour justifier d’avance la contre-révolution libérale que prépare la droite si elle revient au pouvoir ?
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