Après une fin d’année 2015 terrible, le début de 2016 ne nous engage guère à l’euphorie.
Comment ne pas commencer cet édito par la scandaleuse condamnation des 8 syndicalistes de Goodyear ? 2 ans de prison dont 9 mois fermes. Il s’agit ni plus ni moins que d’une justice de classe au service du patronat et qui nie la conception et la réalité des luttes sociales. On s’étonne que la Garde des Sceaux, si prompte à s’élever, à juste raison, contre la déchéance de nationalité, ne dise pas un mot sur l’iniquité –l’indignité !- de ce jugement. Et on mesure combien il est difficile à ce gouvernement d’assumer qu’il a été élu par et pour les travailleurs. Raison de plus pour saluer la position courageuse de Pascale Boistard, Secrétaire d’Etat aux Droits des Femmes.
A propos de ministre, voici la dernière de Jean-Marie Le Guen qui, dans la droite ligne de Valls, ne nous déçoit jamais. Il fait de l’ingérence dans les négociations entre partenaires sociaux sur l’assurance chômage et c’est pour y défendre une proposition qui ne peut que trouver l’agrément des patrons : diminuer le temps et le montant des allocations ! Ces messieurs-dames ne semblent même pas en mesure d’imaginer que ce que ces « paresseux » (cf Gattaz) de chômeurs souhaitent avant tout, c’est de retrouver un avenir. Donc un travail !
On mesure combien le libéralisme a gagné lorsque les dirigeants patronaux peuvent se permettre, non pas simplement de se conduire en adversaires du progrès social, mais, et effrontément, sombrer dans l’indécence. Le président du MEDEF déclarant que « la pauvreté n’excuse pas le manque de gout », c’est un expert qui parle ! Mais pas un expert en histoire du Mouvement ouvrier : Gattaz présente le 1er mai comme une fête du travail dénaturée par les syndicats qui en ont fait, je cite, « une fête de la contestation sociale ou de la paresse ». Il se raccroche ainsi à Pétain qui avait débaptisé la « fête des travailleurs » en une « fête du travail et de la concorde sociale » ! Rappelons que le 1er mai s’appelait à l’origine « journée internationale des travailleurs ».
C’est dans ce contexte de tensions sociales à la fois souterraines et exacerbées que le gouvernement veut instaurer une possibilité de déchéance de nationalité pour les bi-nationaux. Chacun sait que cette mesure est d’une totale inefficacité vis-à-vis des potentiels terroristes qui ne se reconnaissent pas dans la Nation française. Et que, plus grave, elle introduirait des catégories de Français, des Français de 1ère classe et des Français de 2nde classe… en sachant que Maxime H et Mickael D-S qui, en Syrie, décapitent pour Daesh, appartiendraient à la 1ère. Tout cela n’a aucun sens et ne peut que renforcer l’idée d’une « nation ethnique » plutôt que celle d’une nation républicaine… et plaire à la droite. On finit par se demander si ce n’est pas le but !
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