Complètement abasourdie par ces déclarations haineuses vis-à-vis des 7 députés qui n’ont pas pu voter le prolongement de l’état d’urgence. Tout aussi abasourdie par les mêmes déclarations tout aussi haineuses envers ceux qui l’ont voté. Ne peut-on plus échanger sur ce sujet avec calme, retenue, recul, véritable analyse et respect de l’autre ? Ne me dites pas que ces salauds de terroristes ont déjà gagné cela ?
Peut-on parler simplement ? Poser quelques faits et quelques questions ? Esquisser quelques réponses sans se faire insulter de traitre à la Patrie d’un côté, de social-traitre de l’autre ? Vous savez, pour moi, mes fidélités sont égales, car… ce sont les mêmes.
Concernant l’état d’urgence, calmons-nous ! Il ne s’agit ni de l’article 16 (pouvoirs exceptionnels confiés au président de la République) ni de l’article 36 (état de siège) de la constitution.
Oui, le ministre ou les préfets peuvent interdire les manifestations, les rassemblements mais ce n’est absolument PAS UNE OBLIGATION.
Je regrette par exemple la décision du Préfet de Police de Paris d’interdire la manifestation sur les droits des femmes de ce samedi. Pour moi, l’affirmation de l’égalité femmes-Hommes et la laïcité ne sont pas sans rapport avec ce qui nous occupe ! Et ça aurait eu de la gueule que le Président (pour lequel je n’ai aucune confiance dans les domaines économiques et sociaux et avec la politique étrangère duquel je ne suis pas en accord –elle évolue peut-être dans le bon sens ?- mais qui a été à la hauteur de sa fonction sur les attentats qui ont frappé notre pays) aille saluer la tête de ce cortège. Question sécurité, on a prouvé qu’on savait faire le 11 janvier.
Et maintenir les élections est une bonne décision mais cela suppose d’AUTORISER LES CONDITIONS DU DEBAT PUBLIC, ce qui inclut la possibilité de manifestations publiques.
L’état d’urgence permet surtout d’assigner à résidence les personnes dangereuses pour la sécurité publique, ordonner la réquisition d’armes, de procéder à des perquisitions jour et nuit (perquisitions désormais mieux encadrées par le vote d’hier) et éventuellement, le couvre-feu. Bref on voit bien l’intérêt de cette mesure pour démanteler les réseaux terroristes et d’armes. Plus problématique était le contrôle de la presse et de la radio ; c’est terminé depuis le vote d’hier : suppression de ce contrôle comme de la possibilité de remplacer les cours d’assise par des tribunaux militaires.
Personnellement je suis de celles et ceux qui pensent que le comportement des imams de Brest et de Villetaneuse (et non pas seulement leur « activité » comme précédemment) sont de nature à être une menace à la sécurité et à l’ordre publics. Donc que leur assignation à résidence soit désormais possible ne me gêne pas. Et si l’extension des procédures concernées par l’état d’urgence à la dissolution des groupes portant atteinte grave à l’ordre public vise les Frères Musulmans, je m’en réjouis. Je ne mésestime cependant pas les possibles glissement ou dérive, ce pourquoi une durée limitée de l’état d’urgence et un contrôle parlementaire régulier me soucient au plus haut point.
La loi de 55 obligeait le vote d’une loi pour tout prolongement au-delà de 12 jours avec la MENTION D’UNE DATE DE FIN. Au vu de la prochaine COP21 comme de la proximité des fêtes de fin d’année, la question de la prolongation n’est pas inappropriée. Cependant pour voter en conscience et non en « va-t-en-guerre » ou en « irresponsable » (choisissez, mes amis qui vous insultez), il fallait posséder quelques informations… que, comme tous les citoyens ordinaires, je ne connais pas. Quel est le degré de la menace terroriste ? Où en est le démantèlement des réseaux ? Que pense vraiment la DGSE de la qualité de ses moyens pour agir ? Je n’en sais pas grand-chose, mais, plus grave, je n’ai pas l’impression qu’un rapport clair ait été fait par le gouvernement à l’Assemblée nationale.
Alors 3 MOIS, C’EST LONG, C’EST TRES LONG. Le Président proposera une réforme constitutionnelle début janvier. La question de l’état d’urgence n’aurait-elle pas pu être reposée à cette occasion, après un nouveau rapport gouvernemental sur le démantèlement des réseaux terroristes ? Et cela va dans le sens des amendements à la loi votée hier puisque il est fait mention de l’obligation d’information immédiate du Parlement et du renforcement du contrôle.
Et après qu’un bilan du fonctionnement de l’état d’urgence ait été fait en transparence. Car il est évident que les militants du mouvement social s’inquiètent fortement des répercussions de l’état d’urgence sur leurs actions.
Non, l’état d’urgence n’installe pas la dictature. Sachons raison garder ! Oui, les acteurs sociaux ont quelques raisons de craindre qu’on en profite pour prolonger et amplifier en même temps les mesures d’austérité. Il ne suffit pas de faire part de notre gratitude aux agents des services publics, il faut aussi, concrètement, cesser de détruire ceux-ci. Et ceux qui le revendiquent ne doivent pas se voir bâillonnés.
Et si certains de mes camarades du FdG voulaient bien cesser de crier au meurtre de la démocratie par les « élus-traitres en puissance »… Et si certains de mes camarades PS voulaient bien nous épargner leurs règlements de comptes internes… On est tous capable de mieux que ça. Après avoir dit tout cela, je vais sans doute passer à la fois pour une suppôt de la droite liberticide ET une syndicaliste gauchiste ou pire cégétiste. Eh bien tant pis !
VIVE LA SOCIALE ! VIVE LA REPUBLIQUE ! VIVE LA FRANCE !
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