Tsipras, le peuple grec… et l’avenir

Soyons clairs : j’en ai ras le bol des donneurs de leçons, tranquillement français, et qui se permettent de juger Alexis Tsipras, le seul dirigeant européen qui a eu le courage de se retourner -2 fois !- vers son peuple. Michel Jallamion exprime, ci-dessous et dans la rubrique « Humeur » du bulletin de septembre de RESO, ce que je pense. Et il le fait avec beaucoup plus de modération que je le ferais moi-même !

GRECE : DEBATTONS SEREINEMENT

Nous avons tous connu un immense espoir à l’annonce du référendum puis à la victoire du « NON » en Grèce.  Aussi grande fut notre déception lors de l’accord de restructuration de la dette grecque contre la continuation de la politique austéritaire.

Celle-ci s’est parfois muée chez des amis, des camarades, en agressivité vis-à-vis de Tsipras allant jusqu’à parler « de trahison », l’assimilant aux autres gouvernements de la zone euro, etc. Moi aussi j’ai été choqué par cet accord et j’ai espéré que j’aurai eu le courage  de ne pas le signer.

Mais le problème qui s’est posé à Tsipras n’était pas en ces termes. Au-delà d’invectives, que l’on regrette tôt ou tard,  il nous faut comprendre les enjeux qui se posent à la Grèce, à son peuple, à Tsipras, avant de jeter l’anathème sur le seul  homme à avoir fait trembler l’Union européenne.

D’abord il y a une confusion sur la question de l’Euro : la gauche française est pétrie de contradictions et le salut aurait pu venir de l’extérieur. Ce n’est pas le cas. Mais cela pouvait-il l’être ? Le problème des Grecs n’est pas l’Euro. La Grèce n’est pas structurellement en déficit elle est même en excédent. Son économie repose en grand partie sur le tourisme européen et elle est donc moins soumise que d’autres aux contraintes de l’euro fort. Même s’il contraint la Grèce à ne pas  développer son appareil productif  la question du lien est un peu plus subtil que chez nous… où pourtant nous n’arrivons même pas à mener un débat serein sur cette question !

Le référendum n’était d’ailleurs pas un blanc-seing pour sortir de l’Euro. EXPLICITEMENT, IL NE REMETTAIT PAS L’EURO EN CAUSE.  Le peuple grec ne semble pas, ou plutôt, ne semblait pas favorable à la sortie de l’Euro qui du reste ne signifie pas la non-austérité (voyons l’Angleterre jusqu’à présent).

Bref nous ne pouvons donc pas, dans un même élan, reprocher à Tspipras de ne pas avoir voulu sortir de la zone Euro et de trahir son peuple.

L’alternative posée à Tsipras était celle-ci : déclarez-vous ou non la faillite de la Grèce ? Car la sortie de la zone euro n’était qu’un corollaire. Beaucoup d’économistes écrivent pléthore sur les conséquences heureuses ou non de la sortie de la zone Euro, fort peu sur les conséquences d’une faillite d’une nation qui ne dispose pas d’un appareil productif significatif ni de réserves d’énergie propre. Comment se procurer des médicaments si l’on n’est pas « solvable » ? Le FMI et les dirigeants européens ont géré ce « problème » comme ils l’ont toujours fait avec les pays pauvres. Se rappelle –t-on les conséquences du rééchelonnement unilatéral de la dette par la Côte d’Ivoire ?  Le rapprochement des BRICS aurait pu être une solution et il semble qu’une tentative ait lieu. Mais peut-on d’emblée penser que le peuple est d’accord pour passer du tropisme européen à  un autre contrairement à ce que lui crie son Histoire ?

Le peuple, oui : c’est la seule légitimité de Tsipras. Il a contre lui la finance (armateurs) et l’armée qui ont appelé à voter OUI. Mesure-t-on vraiment le sens de cela ? Mesure-t-on vraiment à quoi fut confronté Tsipras face à son destin, à l’Histoire ?

Malgré mon agacement et mon élan naturel, je constate que Tsipras  est le seul dirigeant à se conformer au mandat reçu de son peuple, qu’il a laminé la droite  et l’extrême droite , qu’il a obtenu pour la première fois une restructuration de la dette … et il remet son mandat en jeu. Alors, personnellement, je ne sais pas le choix que j’aurais fait à la place de Tsipras… je sais une seule chose : ce choix n’a rien d’évident, j’espère ne jamais y être confronté. Tsipras n’est ni un dieu, ni un césar, ni un salaud. C’est juste un homme de gauche avec lequel nous avons le droit ou non d’être en désaccord. C’est rare et déjà pas si mal !

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