Mon édito dans Reso, après le 1er tour des élections départementales :
Ainsi donc, comme on s’y attendait, le 1er tour des élections départementales a bien consisté en un désaveu formel et considérable de la politique gouvernementale. Et c’est l’ensemble de la gauche qui a subi la sanction. Le Front National est en tête dans 42 départements au soir du premier tour, la gauche, et notamment le Parti Socialiste, se trouve éliminée dans plusieurs départements. Si le Front de Gauche, malgré les tripotages du Ministère de l’Intérieur, améliore, seul ou en alliance, son score de 2011, nombre d’électeurs de gauche lui ont préféré l’abstention. Il lui faudra d’ailleurs s’interroger sur le fait qu’il ne réussit pas à s’installer, contrairement à Syriza ou à Podemos, comme une alternative crédible.
L’abstention ou le vote FN reflètent l’état d’esprit de bon nombre d’électeurs de François Hollande en 2012, qui ne comprennent pas les choix libéraux faits par l’équipe au pouvoir. Que ce soit par manque de courage vis-à-vis de Merkel et de la Commission européenne ou, simplement, par conversion libérale, le gouvernement, par ses décisions, organise l’éclatement du système social français et l’effondrement de l’économie, au nom de la chasse au déficit. Le projet de loi Macron actuellement discuté au Sénat aura à terme de graves conséquences, s’il est adopté. En favorisant la circulation des cars, Macron s’attaque de facto à la SNCF, déjà bien mal en point du fait du déficit chronique du réseau ferré et de la concurrence sur le transport des marchandises, bientôt étendue à celle des passagers. Ce sont de nouvelles gares et des lignes régionales qui seront supprimées, ce qui va ni dans le sens de l’amélioration du transport pour les usagers, ni dans celui de l’aménagement du territoire ; et je ne parle pas des conséquences environnementales. Enfin, il ne faut pas se leurrer : les compagnies d’autocars vont s’attaquer aux liaisons les plus rentables de la SNCF, pas au transport des usagers à l’intérieur de la Corrèze ! Déjà, la SNCF a dans ses cartons un plan de réduction de 13 000 emplois dans les années qui viennent. Même chose du côté de l’hôpital public, où 22 000 emplois devraient être supprimés dans les trois ans selon la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Dans ce cadre, les prétentions de François Hollande de réduire le chômage d’ici 2017 feraient sourire s’il ne s’agissait de la vie de centaines de milliers de nos concitoyens. Et pourtant, le Président, droit dans ses bottes, persiste et signe. Avant même le premier tour des départementales, il annonce qu’il ne changera pas de politique ni de premier ministre. Ce mépris à l’égard des électeurs est révélateur du mépris du peuple ! La sanction de cette politique, massivement rejetée, ce sont des centaines d’élus de gauche, socialistes, communistes, républicains ou verts qui vont la payer, bien qu’ils aient, pour la plupart, un bon bilan dans leur département. Mais ce sont aussi les citoyens eux-mêmes, car chacun sait que la gestion « de gauche » et la gestion de « droite », ce n’est pas pareil : on l’a bien vu après les municipales de 2014.
Et que dire de la gestion de l’extrême droite qui ne se contente pas de supprimer les subventions aux associations des droits de l’homme, mais qui empêche les enfants de chômeurs d’avoir accès aux cantines ou s’en prend à des symboles forts comme la commémoration de la fin de la guerre d’Algérie !
Face à cette situation, le rassemblement de la gauche n’a jamais été aussi nécessaire. Mais toute union ne s’est jamais construite que sur un programme partagé. Si le choix de Hollande et de Valls empêche que cela se fasse sur une politique nationale commune (ça impliquerait une réorientation majeure pour l’instant refusée), elle peut et doit se faire sur un socle commun au niveau local comme c’est le cas à Paris. Cela implique écoute, respect et dialogue. Résistance Sociale est prête à agir pour faciliter ce dialogue comme elle le fait depuis 2003 à travers ses Vendémiaires ou ses cafés sociaux.
Cela ne se fera pas, non plus, sans la mobilisation populaire. Voilà pourquoi Résistance Sociale soutient l’appel des 4 confédérations syndicales à la grande journée d’action unitaire du 9 avril (Cf. page 7). C’est aussi dans la rue que le peuple doit faire entendre son aspiration à une autre politique
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