Résistance Sociale était présente à la marche républicaine du dimanche 11 janvier, qui, suite à l’attentat contre Charlie-Hebdo, a vu le peuple français se lever pour défendre la République, rappeler son attachement à la liberté d’expression et à la laïcité et affirmer : « même pas peur ! ».
Ne nous attardons pas sur le contexte de cette gigantesque manifestation. Il aurait été souhaitable, qu’à Paris, certains dirigeants s’abstiennent de venir, la palme étant certainement à accorder au représentant de l’Arabie saoudite où, le même jour, on flagellait un bloggeur pour blasphème.
L’important est dans la réaction de notre peuple. Dans sa volonté de se proclamer libre. Il n’était pas indispensable de lire « Charlie-Hebdo » (à RESO, notre combat ne passe pas par les mêmes moyens) pour condamner sans appel l’horrible tuerie terroriste, pour manifester notre solidarité envers un journal courageux, un des rares à ne pas accepter d’être soumis à la loi de l’argent. L’important est dans les milliers de rassemblements qui se sont tenus sans banderoles récupératrices, seulement : « Je suis Charlie », le drapeau tricolore et des références à la République, à la Liberté, à l’Égalité, à la Fraternité et à la Laïcité. L’important est dans ces « Marseillaises » spontanées, jaillies du tréfonds des foules. L’important est dans ces gens qui s’embrassent et applaudissent nos « flics ».
Nous sommes maintenant au jour d’après.
Nous ne devrons pas refuser une introspection de la société française. Comment en est-on arrivé là ? Comment, dans le pays héritier des Lumières, de jeunes gens, français, peuvent-ils en arriver à commettre d’abjectes tueries – sur notre sol ou en allant « faire le djihad » – pour venger un pseudo-délit de blasphème ? Aura-t-on le courage de regarder en face la régression de la liberté (d’expression), de l’égalité (femmes-hommes), de la fraternité, de la laïcité dans certains quartiers de nos banlieues, où une poignée de caïds se servent de la religion pour terroriser, en particulier les femmes et les jeunes filles ? Comment y remédier ?
Et ne pas oublier, aussi, de faire le lien avec la pauvreté sociale de ces quartiers, la précarité dans laquelle les gens y vivent, et le taux de chômage.
Car la vie continue. Et l’unité derrière la République, ce n’est pas l’acceptation de la destruction de la République sociale par un gouvernement élu pour arrêter sa casse ! Alors, nous continuerons à le réaffirmer : Il faut refaire de l’école le lieu de formation de citoyens éclairés ; pour cela, il faut des enseignants suffisamment nombreux, formés, respectés, correctement payés : cela exige des moyens budgétaires, pas des restrictions. Il faut réinstaller, partout, dans nos banlieues, comme dans nos campagnes, des services publics, facteurs et vecteurs d’égalité. Il faut en créer ou en recréer dans des secteurs comme la petite enfance, l’eau, l’énergie, les transports ou les communications. Il faut réhabiliter nos quartiers et construire des logements et des équipements publics, culturels ou de loisirs. Il faut relancer la bataille pour l’emploi, pas des petits boulots, des jobs précaires mais des emplois sécurisés ou statutaires.
C’est à ce prix que la République réinvestira nos quartiers. C’est le devoir de la France.
Alors, oui, le combat continue. En premier lieu, contre le projet de loi Macron, honteusement dénommé « Pour la croissance et l’activité ». Mais ces gens ont l’habitude du détournement des mots. Depuis longtemps déjà, les licenciements sont organisés par des plans de « sauvegarde de l’emploi » ; c’est la loi de « sécurisation de l’emploi » qui casse le code du travail ; le pacte dit « de responsabilité » saborde les services publics et fait un cadeau de 41 milliards aux patrons, etc. Nous ne sommes pas dupes.
Dans ce numéro, Jean-Claude Chailley, secrétaire général de RESO, se livre à une synthèse détaillée des attaques du projet Macron contre le consensus social français issu du programme du CNR. Il serait grave pour notre République que ce projet soit adopté. Des voix diverses s’élèvent à gauche pour le refuser, des voix, à droite, proposent de le voter. La question ne pourrait pas être posée plus clairement comme un choix politique essentiel. Nos camarades, et principalement les députés regroupés dans le collectif « Vive la gauche », portent une grande responsabilité.
Il existe la possibilité d’une autre majorité à l’Assemblée Nationale. Il leur revient de l’initier.
L’ensemble du journal sur : http://www.resistancesociale.fr/IMG/pdf/reso_janvier_2015.pdf
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