« Illettrées » de Gad, remise en cause des seuils sociaux, « tabous levés » sur l’indemnisation des chômeurs et l’extension du travail du dimanche, remise en cause des 35 heures, cars pour les pauvres, … on ne compte plus depuis deux mois les déclarations tonitruantes des ministres du gouvernement Valls et de Valls lui-même sur ce qui serait des freins à la compétitivité de la France et qui l’empêcherait de réduire son déficit et de retrouver la croissance. Alors que les expériences socio-libérales des Blair, Schröder et autres ont lamentablement échoué : la situation des pays concernés ne s’est pas améliorée au-delà de quelques indicateurs économiques contestables, mais leurs réformes ont toutes eu pour conséquence un affaiblissement des droits des salariés actifs, des chômeurs et des retraités au bénéfice de la rente et de la finance. L’Allemagne elle-même, que l’on nous renvoyait comme modèle, commence à ressentir les effets de sa politique absurde de rigueur budgétaire et d’orthodoxie libérale. Sa volonté d’obliger les pays de l’euro à « libéraliser » leur économie et à réduire leurs déficits à la hussarde a pour conséquence de lui fermer peu à peu les débouchés pour ses produits. Sourds et aveugles, Merkel et son ministre des finances continuent dans une voie qui ne peut que conduire tôt ou tard les entreprises allemandes à s’effondrer, engendrant toujours chômage et misère. Dans les autres pays, la politique austéritaire continue ses effets dévastateurs : loin de se résorber, les déficits et le chômage explosent, les services publics sont démantelés, le tissu social s’effiloche. Résultat : les partis d’extrême-droite triomphent un peu partout, comme en Belgique, où ils occupent désormais une partie importante des postes clés du gouvernement.
Les peuples ne restent pourtant pas sans réagir. Grèves et manifestations se déroulent en Allemagne, en Italie, en Grande Bretagne. En France, les syndicats peinent à mobiliser et pourtant la politique gouvernementale fait de plus en plus de mécontents. L’espoir suscité par la victoire de Hollande en 2012 est retombé.
Au sein de son propre parti, la démarche des « contestataires » trouve un écho non seulement à la base –où certains partent discrètement – mais également dans les sphères intermédiaires et même au sommet : Martine Aubry a fini par sortir du bois, fut-ce comme à son habitude en maniant le froid et le chaud. Ceux qu’on appelle les « frondeurs » n’ont pas renoncé à proposer une autre politique. Des collectifs « Vive la Gauche », dont certains ouverts à d’autres forces de gauche, se créent. Des amendements communs aux frondeurs, au Front de Gauche et aux Verts sont déposés à l’assemblée lors de la discussion budgétaire. 39 députés socialistes viennent de refuser de voter le budget. Imperturbables, Hollande et Valls poursuivent leur chemin, sourds aux critiques, plus préoccupés par l’adoubement du patronat et les satisfecits espérés de la Commission européenne que du respect des engagements de campagne. Qu’importe pour eux si après les municipales, après les européennes, après les sénatoriales, la gauche venait à perdre départements et régions !
Et la chasse aux empêcheurs de trahir en rond est ouverte. S’il n’est pas interdit de mépriser ouvertement les pauvres –même sans s’en apercevoir, réflexe de classe, n’est-ce pas M. Macron ?- on sanctionne Fanélie Carrey-Conte en l’excluant de la Commission des Affaires sociales, on instrumentalise un procès contre Gérard Filoche, on invite Benoît Hamon et Aurélie Filippetti à quitter le PS…
Alors peut-on croire encore qu’un sursaut est possible, que la lutte syndicale, politique, associative a encore un sens, qu’on peut encore éviter le précipice et l’effondrement de la gauche pendant de longues années ?
A Résistance sociale, nous pensons qu’ « il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ». Notre combat est juste ? Nous le menons ! Nous essayons aussi de tisser des liens pour que l’ensemble de la gauche, la vraie, celle qui se reconnait dans le combat du « mouvement ouvrier » puisse travailler ensemble à ramener, ne serait-ce qu’un peu, le cap à gauche.
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