Ci dessous mon édito ; mais je vous invite surtout à lire l’excellent article de JC. Chailley en pages 3/4/5 « Retraites, la réforme de trop » (cf lien ci-contre ou http://www.resistancesociale.fr/spip.php?article2658)
Et de huit ! Depuis un an, le Parti socialiste a perdu huit élections partielles, dont la toute dernière à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), la circonscription laissée par Jérôme Cahuzac. Bien sûr, dans ce dernier cas, la fraude de l’ancien ministre a joué un rôle mais on aurait bien tort de se cacher derrière cette unique raison pour expliquer la défection de l’électorat socialiste. La raison, il faut aller la chercher dans la politique menée par le gouvernement et le Président de la République, qui vient une fois de plus de tourner le dos à son électorat, en annonçant que le SMIC ne serait pas revalorisé au 1er juillet. La raison, il faut la voir dans la colère des salariés touchés par les plans de licenciement qui ne cessent de se succéder. Difficile pour eux de croire à la promesse présidentielle d’un retournement de tendance d’ici la fin de l’année. La raison, il faut la voir dans la crainte des salariés et des retraités face à la nouvelle réforme des retraites que prépare le gouvernement et qui pourrait diminuer le pouvoir d’achat de beaucoup de nos concitoyens, ce qui n’est pas fait pour résoudre la crise. D’autant que la croissance est en berne et qu’il n’y a rien à attendre du côté de l’Europe qui poursuit sa politique « austéritaire ».
Les deux ans supplémentaires octroyés à la France par la Commission européenne pour réduire son déficit s’accompagnent de diktats libéraux qui ont déjà porté leurs conséquences en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Irlande et en Italie : baisse des salaires et des pensions, suppression de services publics, allongement de l’âge de départ en retraite, conditions durcies pour l’indemnisation des chômeurs, remise en cause de la protection sociale… Et ceci alors que le FMI a fini par reconnaître que la potion, infligée à la Grèce notamment, avait plus aggravé l’état du malade que participé à sa guérison ! Mais la commission européenne continue imperturbablement sur la même ligne, preuve qu’il ne s’agit pas de construire un meilleur avenir par plus de « rigueur » comme on voudrait nous le faire croire, mais bien d’imposer une dogmatique politique libérale qui rapporte à certains.
Et voici qu’on nous annonce l’ouverture de discussions avec les Etats-Unis pour la signature d’un traité de libre-échange transatlantique. Les forces progressistes devront se mobiliser fortement pour imposer son rejet. Car ce n’est pas la semi-victoire sur l’exception culturelle (à relativiser d’ailleurs, puisque la question culturelle pourrait revenir sur le tapis durant les négociations) qui écarte tout danger. Services publics, OGM, santé, normes, tout est menacé à travers ce possible accord.
Pendant ce temps, le gouvernement grec, non content de la vente de services publics ou du licenciement de dizaines de milliers de fonctionnaires, n’a pas hésité à fermer brutalement les antennes des radios et télévisions publiques, chose qui n’avait même pas été réalisée durant la dictature des colonels. A ce propos nous vous invitons à signer la pétition initiée par Jacques Cotta et une trentaine de journalistes, réalisateurs, techniciens du service public audiovisuel en France (http://www.resistancesociale.fr/spip.php?article2656).
Plus que jamais la soumission à -quand ce n’est pas le choix patenté de- cette forme de construction européenne semble nous entraîner vers l’impasse des années trente. Rien n’est inéluctable cependant. Mais il est urgent de changer de cap et de remettre fortement le curseur à gauche. Ce n’est pas en tirant prétexte de la « non-solidarité » de ses partenaires de la gauche que le Parti Socialiste retrouvera le chemin de la victoire. D’autant que les autres forces de gauche ne profitent pas de son déclin électoral, ce qui pose d’ailleurs le problème de la construction d’une véritable alternative à gauche, à laquelle étaient invités à réfléchir le 16 juin plusieurs organisations, partis, syndicats et associations dont Résistance Sociale. Soulignons à ce propos la forte affluence, la qualité des débats et la volonté d’échanges des intervenants. Pour notre part, à RESO, nous nous réjouissons de la forte prise de position de Pierre Laurent en faveur du pouvoir d’achat, de la revalorisation des salaires et de la mise en place d’une politique de ré-industrialisation de notre pays.
Le décès de Pierre Mauroy, premier ministre de 1981 à 1984, est venu nous rappeler ce que pouvait être une véritable politique de gauche : nationalisations, hausse du SMIC, abolition de la peine de mort, nouveau statut de la fonction publique, cinquième semaine de congés payés, retraite à 60 ans, nouveaux droits des travailleurs,… sont encore présents dans la mémoire de nos concitoyens malgré le tournant de la rigueur de 1983, parenthèse libérale jamais refermée depuis.
Il serait donc temps que des dirigeants, élus parce qu’ils se revendiquaient adversaires des puissances financières, aient enfin le courage de faire la politique voulue par nos concitoyens qui ont chassé Sarkozy voici un an.
Et le courage, ce n’est pas de faire la politique du patronat ni de baisser la garde face à Barroso et Merkel. C’est de s’appuyer sur le peuple, c’est d’agir vraiment pour la croissance et l’emploi, c’est de redonner confiance aux couches populaires, meilleur moyen de lutter contre l’expansion des idées de haine et de violence.
C’est, comme le disait Jaurès, d’aller vers l’idéal et de comprendre le réel. Réel que l’on ne trouve pas dans les transactions des marchés financiers mais dans la vie de tous les jours du peuple qui souffre.