Mon édito dans le numéro de janvier de Résistance sociale
Il n’est pourtant pas si loin le temps où François Hollande promettait de s’affronter aux marchés : c’était il y a près d’un an, au Bourget. Aujourd’hui les temps ont changé : on vient encore de s’en apercevoir avec ce qu’il est convenu d’appeler les accords de Wagram entre le patronat dans sa diversité et trois organisations syndicales (CFDT, CFTC, CGC), minoritaires lors des dernières élections prud’homales (38,7 % contre près de 50 % pour la CGT et FO réunies, sans compter Solidaires et Unsa, non invitées aux négociations). Accord salué tant par F. Hollande que par M. Sapin qui réussit à y voir une avancée pour les salariés alors que les 13 points de cet accord ne sont que des remises en cause du droit du travail ! La patronne du MEDEF, Laurence Parisot, peut pavoiser. Elle est parvenue à obtenir tout ou presque de ce qu’elle souhaitait au prix de quelques concessions mineures sur les contrats courts, qui ne toucheront d’ailleurs qu’une faible partie de ceux-ci ou sur la présence de représentants des salariés dans les conseils d’administration. Et, notamment, la possibilité pour les entreprises de baisser les salaires ou d’augmenter le temps de travail au seul prétexte de la conjoncture. Ou encore la limitation des possibilités de recours aux prud’hommes contre les décisions des patrons.
Pour Résistance sociale, il serait inadmissible que cet accord soit traduit dans la loi.
Espérons que les députés de gauche se souviendront de ce pour quoi ils ont été élus ! Contrairement à la ritournelle du patronat, la flexibilité n’a jamais permis de faire baisser le chômage. La preuve : l’augmentation exponentielle des ruptures conventionnelles va de pair avec l’accroissement important du nombre de chômeurs, qui devrait encore se poursuivre cette année. On prévoit ainsi près de 180 000 chômeurs supplémentaires à la fin 2013.
Quant à la cure d’austérité que le gouvernement met en oeuvre, on a déjà vu ses conséquences dans d’autres pays européens ! Il ne faut pas en attendre un renversement de tendance. Quant à une vraie taxation des hauts revenus, on peut craindre qu’elle ne soit qu’un nouveau mirage, après l’échec de la mise en place de la taxe de 75 %, échec dont on finit par se demander s’il n’a pas été voulu. Si cette taxation n’avait qu’un impact limité, elle était un signe fort face à l’accroissement, non remis en cause, lui, des impôts indirects et injustes, comme la TVA, et aux hausses généralisées en ce début d’année (transports, énergie, tarifs postaux, carburants, etc.) qui frappent durement les couches populaires. Tout cela pour satisfaire marchés financiers et Commission européenne, alors même qu’on apprend que l’objectif de limitation du déficit public à 3 % résulterait d’une erreur de calcul de la part de mathématiciens, qui auraient mal apprécié les conséquences des cures d’austérité ! Constatation qui ne s’est d’ailleurs toujours pas traduite par une révision des politiques menées en Grèce, en Espagne, en Italie ou au Portugal. Même quand il n’a plus de justification, l’aveuglement continue !
Au moment où on nous annonce de partout une année 2013 difficile, nous attendons d’une équipe gouvernementale, que nous avons élue à gauche, qu’elle tourne le dos à cette politique. Nous attendons d’elle qu’elle ne s’enferme pas dans une politique comptable qui a participé à la débâcle de « l’ancien régime » sarkozyste et qu’elle réoriente son action vers la satisfaction des besoins du peuple et la recherche du progrès social. S’il devait en aller autrement, on peut compter sur Résistance sociale pour se battre aux côtés des forces sociales refusant la régression de leurs droits, de leur pouvoir d’achat et de leurs conditions de travail.
Une petite minorité proclame sans vergogne son refus de la justice sociale et s’enrichit chaque jour un peu plus tandis que la majorité des salariés, retraités et chômeurs voient leur vie devenir plus difficile et plus précaire. À Résistance sociale, nous savons, sans aucun doute, que la lutte des classes existe. Et que quand on ne mène pas un combat, on le perd.