Mais quand va-t-on le dire clairement : tout ce que les soi-disant « modernes » pseudo-relanceurs de l’économie préconisent se résume en un mot : la baisse des salaires. Ce serait, une fois de plus, la solution géniale, -mille fois répétée, on se demande en quoi elle est inventive- du rapport Gallois. Cet nème rapport propose… la baisse des charges ! 30 milliards d’euros, rien que ça, assortis à une baisse de dépenses publiques. Fallait-il vraiment perdre temps et argent pour fournir cette recette éculée ? Et inutile : nous ne serons toujours pas compétitifs avec les salaires pakistanais ou même bulgares !
Faut-il rappeler que les « charges » ou plus exactement les « cotisations sociales » ne sont que partie du salaire. Salaire différé qui finance collectivement la protection sociale et en particulier les retraites ? Que cela n’appartient d’aucune façon aux patrons ? Et si on tarit encore un peu plus les sources de financement des régimes de retraite, faudra-t-il un autre rapport Gallois pour nous expliquer la nécessité de repousser à nouveau l’âge de la retraite ?
À voir la gêne occasionnée au sein du gouvernement par la divulgation de ces quelques feuilles, on s’interroge. Le changement est-ce maintenant ? Car ce rapport ne mérite qu’une fin de non-recevoir et il devrait être facile de le dire.
Quant aux conséquences de la crise, elles ne font que s’amplifier. Après Gandrange, Florange et Pétroplus, avec, à chaque fois, des centaines (ou des milliers) de familles jetées dans la misère. Un petit point rapide et non exhaustif des suppressions d’emplois : Peugeot : -8 000, Air France : -5 000, Castorama : -1 160, SANOFI : -900, Doux : -860, Bouygues-Telecom : -550, Carrefour : -550, SFR : -500, Conforama :-290…
Au-delà des initiatives médiatiques du ministre du Redressement productif que nous aimerions bien entendre dire qu’il faut, non seulement, « acheter français » mais qu’il faut « produire en France », il serait temps que le gouvernement nommé en juin dernier prenne des mesures pour empêcher les délocalisations et les licenciements boursiers. Peut-être également temps de se poser la question des moyens de la puissance publique ? Des nationalisations ? (…)
C’est ainsi qu’il trouvera l’appui du peuple et la force de résister aux réactionnaires de tout poil qui s’opposent aux réformes progressistes qu’il essaie d’entreprendre : MEDEF, mouvement des prétendus pigeons, médecins qui refusent l’encadrement des honoraires ou employeurs à domicile qui trouvent normal que ce soit la société qui paie leurs employés !
Car le peuple est prêt à se mobiliser. Il l’a démontré le 30 septembre avec le succès de la manifestation contre la ratification du TSCG. Succès dont la majorité des députés ne s’est pas saisie pour refuser l’austérité organisée par le traité Merkozy. Succès également des manifestations du 9 octobre contre l’austérité et du 6 octobre pour une autre politique de santé publique.
A ce propos, comment passer sous silence le décès de ce bébé dans le Lot ? Qu’on ne nous accuse pas de prendre prétexte de ce drame ! Depuis la loi Bachelot et la politique imbécile des ARS qui ferme les maternités en dessous de 300 accouchements annuels, sans référence au territoire desservi, RESO s’est toujours élevée contre ces décisions irresponsables. D’ailleurs qu’est-ce qui prouve qu’une grosse maternité, surchargée et sous-dotée en personnel –car c’est ainsi– est plus sûre ? Oui, ce qui est grave aujourd’hui, c’est que les pompiers et le SAMU procèdent à des accouchements dans des conditions d’urgence insécures. Et, oui, il y aura d’autres drames.
En France, l’égalité d’accès aux soins n’est plus qu’un souvenir. Il n’y a pas d’égalité sociale. Depuis plusieurs années, on sait qu’une partie de la population ne se fait plus soigner pour des raisons financières. Faut-il rappeler, entre autres, les déremboursements de médicaments ou la taxe sur les mutuelles ? Dans certaines régions (à Paris…) les médecins de secteur 1 sont rares et les malades n’ont pas tous les moyens de payer les dépassements. Je ne parle pas du tarif des spécialistes.
Il n’y a plus d’égalité territoriale : il devient dangereux d’habiter certains déserts médicaux. Je prends l’exemple de mon département d’origine : l’Indre. Il y a actuellement, pour près de 70 000 km² et plus de 230 000 habitants, deux maternités, l’une à Châteauroux, l’autre au Blanc. Cette 2nde est menacée malgré la très forte mobilisation des personnels et de la population. Si elle est supprimée, l’Indre devient un candidat potentiel au prochain accident. Combien d’autres départements dans le même cas ? Qu’on ne me parle pas d’aménagement du territoire et de développement durable quand on organise ainsi la désertification ! Les ARS cassent méthodiquement la couverture sanitaire de notre pays. La technique est toujours la même : d’abord la maternité, puis les urgences, enfin la chirurgie. Et l’hôpital de proximité est mort. Je le dis sans détour : le fait que le gouvernement ne remette pas clairement cette politique en cause est une faute grave.