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Archive journalière du 10 mai 2012

Après la victoire…

 Après la victoire... dans Actualité Hollande-drapeauBBR2-300x199 

François Hollande est le nouveau président de la République. Réjouissons-nous que Nicolas Sarkozy ait été « dégagé » par les urnes et que la gauche soit en passe, après les législatives, de renouer avec le pouvoir.

 Si le Président des riches et de la finance avait été reconduit, la fin de sa campagne l’a clairement démontré, c’eut été, au sens littéral, la fin de la République.

Conscient qu’il allait se faire « licencier », Nicolas Sarkozy a, en effet, dévoilé sa nature profonde : celle d’un véritable réactionnaire.

 Ses déclarations sur le « vrai » travail, son mépris revendiqué pour les corps intermédiaires, comme les insultes d’un Guaino parlant de « 1er mai des permanents syndicaux », nous ramenaient aux heures sombres de notre Histoire comme à celle de toutes les dictatures, où l’éloge des corporations et la collaboration de classes sont préférées à la célébration de la lutte des travailleurs et de leur solidarité internationale. Et où le défilé du 1er mai est soit interdit soit récupéré.

Les travailleurs et leurs organisations ont su lui donner la seule réponse méritée : 750 000 personnes dans les rues ce 1er mai 2012 !

 Je veux également revenir sur cette vaine tentative de manipulation d’opposer le drapeau tricolore et le drapeau rouge. Faut-il rappeler au candidat sorti que, l’Histoire de France nous le démontre, de 1848 à la Résistance en passant par la manifestation de Fourmies le 1er mai 1891, c’est tant au nom du Mouvement ouvrier qu’en défense d’une France libre, égale et fraternelle, que s’est toujours levé le Peuple français ? Pendant longtemps et avant d’essayer de phagocyter les trois couleurs, l’extrême droite française, certes n’aimait pas l’Internationale, mais aussi préférait « Maréchal, nous voilà » à la Marseillaise !

Plus prosaïquement, il est quand même fort le café, quand Nicolas Sarkozy, dont la fortune a augmenté de 30% depuis qu’il est au pouvoir, se permet de demander aux Français d’abandonner l’un de ses drapeaux pour « servir la France », lui qui n’a jamais servi que lui-même et ses amis.

 Exit donc Sarkozy : ça, c’est fait !

 Et il reste tout à faire. La valeur de cette élection,  c’est justement d’ouvrir les portes au possible.

A condition de ne pas tout déléguer aux politiques. En effet, si nous sommes en droit d’espérer un changement sur de nombreux grands axes, il nous reste cependant, au vu du programme et des déclarations du nouveau président, quelques inquiétudes et des points sur lesquels nous sommes en opposition.

 D’abord, comment ne pas se réjouir lorsque François Hollande, devant la foule rassemblée à la Bastille, déclare vouloir, au nom de la souveraineté populaire, en finir avec la politique d’austérité ? Comment ne pas se réjouir lorsqu’il remet l’école publique au cœur de la reconstruction d’un avenir pour notre jeunesse ? Quand il affirme vouloir séparer les activités des banques pour l’investissement et l’emploi de leurs activités de spéculation ? Quand il prévoit une tranche d’imposition à 75% ? Quand il préconise la suppression des exonérations sur les heures supplémentaires ou l’imposition des revenus du capital à la hauteur de ceux du travail ? Ou de se servir de la fiscalité pour « relocaliser » les entreprises ?

Comment ne pas se réjouir lorsque Ségolène Royal déclare que « les banques commandaient, qu’elles vont devoir obéïr » ?

Tout cela tourne clairement le dos à la politique menée en faveur des privilégiés depuis 5 ans. Tout cela participe d’un nouveau souffle.

 Si François Hollande entame rapidement son programme de cette manière, nul doute qu’il confortera le peuple français dans son choix ! Mais, il est dans ses engagements, certains qui ne peuvent que nous préoccuper.

 La RGPP d’abord. Il admet qu’il sera nécessaire d’ouvrir des négociations sur les salaires, les statuts, les carrières. Mais pas question de revenir sur les extravagantes suppressions d’emplois du précédent quinquennat. Pire, quand il annonce des créations d’emplois dans l’Education nationale et dénonce les précédentes suppressions dans la justice et la police, il le fait en préconisant la stabilisation globale des effectifs. Ce qui voudrait dire de drastiques réductions de personnels dans d’autres services publics. Dans le secteur hospitalier par exemple ?

A propos des hôpitaux, la loi Bachelot ne sera pas abrogée ; les ARS seront pérennisées.

Pour les retraites, dont la « réforme » a mis tant de monde dans les rues, c’est en réalité l’âge légal de la retraite à 60 ans pour tous qui est abandonné.

 Voilà pour le « noir ». Et puis, il y a le « gris », tout ce qui porte à interrogation. Quelques exemples ?  La question européenne sera le premier dossier. Quelle sera l’attitude du nouveau président si la réponse à sa proposition d’un « pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance » est négative ? Fermeté ou abstention ? Que signifie pour lui la « règle d’or » quand il dit  refuser les politiques d’austérité ?

Quant à La Poste, elle restera une société anonyme. EdF et la SNCF ne retrouveront pas le giron de véritables services publics… Quid de l’augmentation des salaires ?

 François Hollande a besoin d’être « aidé » par une opinion publique claire et éclairée ! Les chèques en blanc expérimentés en 1981 n’ont plus cours. Non seulement il sera nécessaire d’élire des candidats à la députation attentifs aux intérêts du monde du travail… et courageux, -il en est d’étiquettes diverses- mais comme toujours, les salariés tiennent leur avenir entre leurs mains.

 S’il n’est venu à l’esprit de personne que l’action revendicative se décrète, ne doutons pas que c’est d’abord de la vigilance sociale que dépendra la réalité de la rupture avec le libéralisme.

 




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