Dimanche 23 octobre, l’Argentine votait. Là-bas, où le vent de la révolution citoyenne souffle encore, la présidente sortante, Cristina Fernández de Kirchner, a été réélue au premier tour. Un nouveau succès pour le parti de gauche qu’elle dirige, le Front pour la Victoire. http://www.placeaupeuple2012.fr/revolution-citoyenne/nouveau-succes-pour-la-gauche-argentine/
Ou ci-dessous :
L’Argentine, le pays qui a connu en 2001 une très grave crise de la dette, vient de reconduire, à une très large majorité, Cristina Fernandez de Kirchner à la présidence du pays. Cette représentante de l’aile progressiste du péronisme obtient 53,8% des voix suivie de loin par le socialiste Hermes Brenner (17%). Le radical Ricardo Alfonsin obtient 11% et les deux candidats issus de l’aile conservatrice du peronisme qui se sont présentés à cette élection n’obtiennent que 8% si on aditionne leurs scores. C’est donc un premier constat : l’option progressiste majoritaire et le score du candidat socialiste représentent un peu plus de 70% des voix.
Ce mandat est le troisième depuis 2003 pour un gouvernement qui a osé rompre avec les diktats du FMI et qui voulu assumer la confrontation avec les transnationales et les forces les plus conservatrices du pays.
Comme dans d’autres pays de la région, l’élection de ce gouvernement progressiste a suivi une période de mobilisations populaires intenses commencées au moment de la crise de 2001 après que le FMI ait essayé de durcir ses politiques imposées à ce pays déjà lourdement endetté et au bord de la faillite. Ce mouvement a fait tomber le gouvernement de « centre-gauche » de Fernando de la Rua et en dix jours, les quatre gouvernements qui se sont succédé.
En 2003, Nestor Kirchner, issu de la gauche du Parti Justicialiste (peroniste), est élu contre Carlos Menem, l’ex-président peroniste qui avait amorcé les politiques néolibérales poursuivies par Fernando de la Rua. Reprenant à son compte les exigences populaires, il a mis en œuvre une politique de rupture avec le néo-libéralisme qui l’a conduit à renégocier avec une grand détermination une dette publique qui atteignait 132 milliards de dollars jusqu’à obtenir une décote de 75%. Libérée du carcan imposé par le FMI, les gouvernements de Nestor Kirchner et de Cristina Fernandez Kirchner se sont donnés comme priorité l’emploi, la ré-industrialisation du pays et la lutte contre l’exclusion et la pauvreté. La poste, les télécommunications et les services d’eau potable ont été nationalisés sous Nestor Kirchner ; le système de pensions, la compagnie Aerolienas Argentines et une entreprise fabriquante d’avions l’ont été sous la présidence de Cristina Fernandez Kirchner. La fiscalité appliquée à l’agro-industrie, l’une des principales exportatrices au monde de soja et autres grains, contribue au financement des programmes sociaux et des subventions aux prix de l’énergie et des transports. Les dépenses publiques représentent aujourd’hui 25% du PIB (14% en 2003) et la pauvreté est passé de 56% de la population à 13% entre 2003 et 2010 grâce à ces programmes sociaux et à la revalorisation des salaires et des pensions. Une allocation chômage a été créée ainsi qu’une allocation universelle attribuée en fonction du nombre d’enfants par foyer qui assistent à l’école, ce qui a permis de faire entrer un demi million d’enfants jusqu’ici exclus de l’enseignement. Le chômage a été réduit à 8% (20% en 2002) bien qu’une partie importante de la population travaille dans le secteur informel.
Un autre élément important des politiques mises en œuvre est l’engagement du gouvernement en faveur de la fin de l’impunité des crimes commis sous la dictature et la reconnaissance de la mémoire historique qui réhabilite les victimes de la répression.
Les défis à relever restent importants et beaucoup dépend de la mobilisation de Argentins : les inégalités et la pauvreté reculent mais restent un enjeu pour l’avenir. La croissance reste fondée sur les exportations de matières premières renforçant une dynamique d’accaparement des terres au détriment des populations de la campagne et comporte des ménaces pour l’environnement et des risques pour l’environnement. Malgré ces difficultés, l’Argentine peut aujourd’hui revendiquer le fait d’avoir pu « redonner sa place à la politique », face à la dictature des marchés et a été en capacité « de résister dès le début à la crise », comme le déclarait Cristina Fernandez K. Lors de cette élection, elle a déclaré vouloir s’engager dans la voie de l’approfondissement des politiques d’inclusion dans « une lutte qui ne connait pas l’impartialité et où on ne peut pas vouloir être neutre ». Le choix de l’Argentine semble être encore celui de l’espoir.
Pour en savoir plus sur la crise de la dette en Argentine, regardez le film de Fernando Solanas, Argentine, l’histoire d’un saccage
0 Réponses à “Nouveau succès pour la gauche argentine”