Un enseignant sur deux en grève aujourd’hui et de nombreuses manifestations cet après-midi dans toute la France. Mais l’autiste arrogant de l’Elysée persite et signe….
Ci-dessous mon intervention sur la rentrée scolaire au Conseil de Paris ce matin :
Monsieur le Maire, Mes Chers Collègues,
La rentrée scolaire 2011 est l’une des pires qu’ait connue notre pays. 16 000 suppressions de postes cette année et 16 000 autres prévues en 2012 qui viendront s’ajouter aux 110 000 suppressions tous emplois confondus infligées à l’Education nationale depuis 2002. A Paris, cela se traduit à nouveau par 77 postes supprimés par le Rectorat. Et ne cachons pas notre crainte de voir, après la Toussaint, des élèves sans enseignants !
C’est à une véritable entreprise de démolition à laquelle nous devons faire face.
Et ce n’est pas la dangereuse gauchiste que je suis qui le dit mais les très distingués chercheurs de l’OCDE qui viennent de dresser, dans leur rapport paru ce mois-ci et intitulé « regards sur l’éducation », le tableau noir de l’école française. Ainsi, ce rapport nous dévoile le triste constat suivant : Le taux de scolarisation en France des 15-19 ans a diminué en 10 ans passant de 89% à 84%, alors que dans la quasi-totalité des pays de l’OCDE cette tranche d’âge est de plus en plus scolarisée. 13% de jeunes sont hors du système scolaire. Si l’on ajoute un manque de 50 000 diplômés par an, on peut comprendre que notre pays ait quelques difficultés en matière de croissance et de compétitivité. Cette étude démontre en effet qu’un diplôme du secondaire reste une clé fondamentale pour décrocher un emploi. Le taux de chômage des moins de 25 ans sans diplôme atteint les 30% en France…
Une précédente enquête de l’OCDE montrait déjà que « si l’on veut que les jeunes ne quittent pas l’école avant d’avoir décroché un diplôme, … c’est dès les premières années, même dès la maternelle qu’on lutte contre l’échec scolaire » ! Eh bien, à Paris, on constate que, faute d’enseignants, le taux de scolarisation des petits Parisiens de moins de 3 ans est d’à peine 1%. Premiers sacrifiés : les enfants issus de familles modestes ou non francophones. Revenons au rapport par la question des moyens. Entre 2000 et 2008, la dépense par élève a augmenté en moyenne de 34% dans les pays de l’OCDE, mais en France « tout juste de 5% ». Pire : la France, anciennement connue et reconnue pour son école républicaine, se place en 33e position sur 34 pays ! Soit bonne avant dernière pour offrir une chance par l’école aux enfants de milieux défavorisés et/ou issus de l’immigration. Je n’ai rien contre le prestigieux lycée Louis le Grand où Luc Chatel est allé ouvrir une 1ère technologique à la rentrée, j’aurais aussi aimé voir le ministre dans un collège du 20ème ! Enfin, comment parler de l’école sans parler de ses enseignants ? Le rapport est sans ambigüité : « En France, le salaire des enseignants du primaire et du secondaire est inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE. Alors que, depuis 1995, le salaire a augmenté en valeur réelle dans les deux tiers des pays, il a diminué en France ».
J’ajoute que le nombre de places aux concours de recrutement a baissé ces dernières années. Et la formation des enseignants a pratiquement disparu ; on le constate à Paris où de jeunes enseignants sont ainsi lancés sans aucune préparation devant des élèves et ce, bien sûr, surtout dans les établissements difficiles. Faire face, ne pas subir. Paris le fait à sa manière et dans son domaine de compétence. Je m’attarderai sur la maternelle et l’élémentaire, ma collègue Olivia Polski traitera (ayant traité) de la question cruciale du collège.
Dans le 1er degré donc, pour cette rentrée nous avons ouvert 3 nouvelles écoles représentant 12 classes dans le 9ème, 9 classes dans le 13ème, 12 classes dans le 19ème. Nous avons entièrement restructuré 3 groupes scolaires dans les 12ème, 15ème et 18ème arrondissements. L’ensemble de ces opérations s’élèvent à 60 975 000 € : ce n’est pas rien ! D’autres opérations sont en cours dans le 12ème, le 13ème, le 15ème, le 17ème et je noterai particulièrement la nécessaire restructuration des groupes scolaires Le Vau et Plaine Grands Champs dans le 20ème. Parallèlement il faut souligner 452 rénovations importantes et un budget d’entretien de plus de 26 millions d’€. Oui, Paris investit dans l’avenir de nos jeunes. Le gouvernement devrait s’en inspirer car je reprendrai le rapport de l’OCDE qui constate que les pays qui ont enregistré des progrès dans leurs résultats sont ceux qui ont mis en place des politiques d’amélioration de leur enseignement et du statut de leurs enseignants. Quelques mots de la restauration scolaire, du péri et de l’extra scolaire, car l’éducation est un projet global.
Je ne cacherai pas mon plaisir devant la nouvelle cuisine centrale du 20ème mais je veux d’abord me réjouir à nouveau de la mise en place d’une tarification de restauration unique sur l’ensemble du territoire parisien. Cela a été une victoire importante de l’égalité et de la justice sociale. Il n’en reste pas moins que la persistance d’une caisse des écoles par arrondissement ne permet pas de gommer toutes les inégalités. Dans le 20ème, nous n’avons pas la possibilité financière d’offrir à nos enfants 70% de bio et notre caisse des écoles n’a pas d’argent à placer dans des produits financiers. Côté activités péri et extra scolaires le panel est tellement vaste que je me contenterai de souligner l’opération l’Art pour Grandir, et de me réjouir de ce pari de familiariser dès la petite enfance, nos jeunes Parisiens avec la culture et ses lieux, ses établissements. Bref, lutter contre les inégalités sociales et l’échec scolaire : voilà le défi à relever pour qui veut s’en donner la volonté politique. Paris s’y emploie. Mais que de chemin à parcourir, que de retards à rattraper ! Je ne crois pas que ce gouvernement veuille en prendre la mesure.
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