Archive mensuelle de mai 2011

Quelques petites choses révélées par l’affaire Strauss-Kahn

A la suite de « l’affaire DSK » je publie ci-dessous un article paru dans Le Monde le 29/05/11  : « Un féminisme à la française » par Irène Théry (Directrice d’études à l’EHESS, sociologue du droit depuis 1985, elle se consacre à l’étude des rapports entre égalité des sexes et métamorphoses de la famille et la parenté. Elle est l’auteur du rapport : « Couple, filiation et parenté aujourd’hui » (1998). Son dernier ouvrage : « Des humains comme les autres. Bioéthique, anonymat et genre du don » (éd. de l’EHESS, 2010)

Parmi les choses que j’ai mal vécues au début de l’affaire DSK, il y eut le fait de découvrir sur le site du New York Times un forum jetant le soupçon sur les femmes françaises. On y invitait des spécialistes à interroger l’attitude de notre société envers les inconduites sexuelles (sexual misconducts) des hommes de pouvoir (powerful men) sous le titre : « Les femmes françaises sont-elles plus tolérantes ? » Comme on pouvait le craindre, toute une gamme de stéréotypes antifrançais se déploie à cette occasion. Certes, certains proposent une critique de ces préjugés mais, entre la 

licence donnée au cliché et la porte ouverte à son refus, la partie n’est pas égale. Dans le contexte de l’arrestation spectaculaire de DSK, elle était même jouée d’avance.  Le choix du mot misconduct, qui a simultanément en anglais un sens ordinaire et un sens juridique, déroulait le tapis rouge à tous les amalgames. Certes, au New York Times, on ne s’abaissera jamais à se demander si les femmes françaises n’auraient pas pour les agressions sexuelles et les viols, une certaine « tolérance ». Mais, sous l’égide de la catégorie des misconducts, chacun peut se sentir autorisé à disserter à partir d’un présupposé implicite : les glissements de sens et de corps qui mènent du badinage à la drague, de la drague aux incartades et des incartades aux infractions 

sexuelles, au risque de balayer, au final, toute la gamme allant du harcèlement au viol. En trois temps, l’intitulé du forum envoie valser toute prudence. Tout d’abord, on pose qu’une certaine tolérance aux inconduites sexuelles des hommes de pouvoir pourrait bien être un trait spécifique de la société française. Le cas DSK devient une sorte de paradigme des virtualités dangereuses inscrites dans l’identité historique de tout un peuple, sur laquelle on invite à s’interroger.

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Le mouvement des « indignés » s’amplifie…

Commencés en Espagne, Puerta del Sol à Madrid, les campements des jeunes « indignés » gagnent le monde.

Place de Catalogne à Barcelone, mais aussi au Centre d’Athènes ou en France, Place de la Bastille à Paris, mais également à Toulouse ou à Bayonne… Et puis de part le monde entier.

Ci-dessous la carte des campements de ces jeunes qui refusent d’être sacrifiés sur l’autel de la finance,… mais qui ne trouvent pas d’expression politique à leur malaise.

Tout le problème !  manifindigns.jpg

Des assurances complémentaires à la « réforme » de la dépendance : la privatisation de la solidarité

La « réforme » de la dépendance n’est qu’une étape de plus dans la privatisation de la Sécurité sociale. Celle-ci, organisée à la Libération, est avant tout le résultat des luttes du mouvement ouvrier et de sa volonté de permettre à chacun d’avoir accès à des soins de qualité, de se protéger des accidents du travail, de pouvoir élever correctement ses enfants et, enfin, de se préparer une fin de vie décente.

On voit bien comment, depuis plus de 25 ans, toute cette architecture de solidarité est remise en cause. Non seulement parce qu’elle soustrait aux puissances d’argent un gigantesque marché, mais aussi parce qu’il faut à toutes forces que la Finance gagne la lutte des classes et renvoie aux oubliettes les combats des salariés du 19ème siècle pour les assurances sociales et les mutuelles qui sont à la base de la construction de la solidarité. Dans les années 90 –et même avant– les hôpitaux ont vu arriver les budgets d’austérité tandis que le déremboursement des médicaments et les franchises médicales se généralisaient. S’en prendre trop directement à la « Sécu » aurait été trop gros ; on a donc transféré la protection primaire de la Sécu sur la protection complémentaire assurée par les mutuelles. Puis on a mis ces mutuelles (cotisations selon le revenu mais accès aux soins identique) en concurrence avec les assurances. Evidemment, les classes moyennes ont été commercialement intéressées. Pour résister, les mutuelles se sont faites moins « mutuelles » et plus « assurances », présentant des packages où on « choisit » ses protections. Le mal était fait ; on était bien loin de l’esprit d’origine où les régimes spéciaux, fruits comme les mutuelles de luttes spécifiques, devaient à terme se fondre dans un régime général unique ! Une bataille idéologique de perdue.

 

Celle que nous avons à mener sur la dépendance est du même type. A partir de louables intentions : prendre en compte la perte d’autonomie des personnes âgées entre autres, on invente des « risques » supplémentaires ou on concocte des « branches » nouvelles sans prendre garde à la volonté sous-jacente de décrédibiliser la « sec-soc » et d’offrir aux assurances un pont d’or.

DSK est et reste pour moi un adversaire politique.

Mais son arrestation par la police américaine est révélatrice du fonctionnement de la société française à plus d’un titre. Je ne dirai rien de ce que je pense des faits reprochés à Strauss-Kahn. Comme chacun, j’ai une opinion, mais comme elle n’est étayée par aucun fait par moi prouvable dans un sens ou dans un autre, je me tairai.

N’est-ce pas, d’ailleurs, SE TAIRE, ce qu’aurait dû faire de nombreux hommes politiques auxquels on ne demandait rien, de Tapie (« Pourquoi DSK se serait-il tapé cette femme de ménage alors qu’il pouvait se payer beaucoup mieux ? ») à Chevènement (« Un homme politique est toujours exposé à la provocation. C’est la première réflexion qui m’est venue à l’esprit : Dominique Strauss-Kahn est inculpé sur le témoignage d’une femme de chambre… »), en passant par Jack Lang (« Il n’y a pas mort d’homme »), des médias télévisés à l’ignoble article du Point, le mépris des femmes et plus précisément de celles du peuple y est omniprésent. Pire il est inconscient.  Heureusement il y a eu Cécile Duflot, Clémentine Autain et même Martine Aubry…

Quant à la procédure « accusatoire » de la justice américaine, mon opinion est faite : j’y préfère le juge d’instruction français qui enquête à charge et à décharge. Quoi qu’il ait fait tout accusé a droit -en tous cas, c’est notre conception, en France- à un minimum de décence et ce n’était pas le cas dans les images montrées, à satiété, de DSK. Et nous n’avons pas encore vu le pire ! Quand la vie de cette femme de chambre va être violée (oui, j’emploie ce mot) par les avocats de DSK. Car c’est de cette façon que procède la justice étatsunienne… 

La laïcité est un combat de chaque jour…

Guy Georges m’a transmis une intéressante question écrite  posée à l’Assemblée Nationale par M. Michel Jean ( Socialiste, radical, citoyen et divers gauche – Puy-de-Dôme ) 

M. Jean Michel appelle l’attention de M. le ministre auprès du ministre d’État, ministre des affaires étrangères et européennes, chargé des affaires européennes, sur la composition du groupe européen d’éthique, des sciences et des nouvelles technologies. Ce groupe a pour mission d’examiner les questions éthiques liées aux sciences et aux nouvelles technologies et soumet des avis à la commission européenne dans le cadre de l’élaboration des législations ou de la mise en place de politiques communautaires. Or il souhaite faire part de son interrogation et même de sa grande inquiétude à la connaissance de la composition de ce groupe présenté comme une instance « pluraliste, indépendante et pluridisciplinaire » et « neutre ». En effet, sur les quinze membres, sept membres sont liés à la religion catholique ou protestante (quatre professeurs de théologie et trois professeurs dans des universités catholiques). On ne retrouve dans ce groupe que deux seuls représentants des sciences avec un chercheur en génétique et un professeur de médecine. Les « nouvelles technologies » n’ont par ailleurs aucun représentant dans ce groupe. Force est de constater que la promesse officielle d’indépendance et de pluralité est loin d’être respectée. Pire, lorsque l’on regarde au delà des biographies officielles, il apparaît que parmi les membres deux représentants sont connus pour être des militants anti-IVG et défenseurs des droits du foetus. Un autre membre est militant anti-euthanasie. Enfin, la représentante française ne peut être, elle aussi, considérée comme un membre indépendant et neutre. Enseignante à la faculté de théologie de Strasbourg, elle fait partie de l’ordre des vierges consacrées et a donc pour mission de « porter au coeur du monde l’amour de Dieu » et de promouvoir la religion dans la société. Il est anormal et incompréhensible que les personnes liées à la religion soient surreprésentées dans un groupe chargé des questions éthiques au niveau européen. Le fait même que les biographies officielles occultent les appartenances religieuses pour ne se référer qu’aux professions des membres est une atteinte grave à la liberté de conscience des citoyens européens. Il s’inquiète tout particulièrement pour les prises de positions futures en termes de validation des évolutions scientifiques et de progrès social dans les domaines concernés. La composition de ce groupe nie et exclut toute morale et éthique laïques. Enfin, il est regrettable et même scandaleux que la France ait fait le choix de nommer une religieuse en civil pour la représenter dans ce groupe d’éthique. Il demande donc de lui indiquer s’il entend revenir sur cette nomination qu’il ne peut ignorer au sein du groupe européen d’éthique, des sciences et des nouvelles technologies et s’il entend prendre position au niveau européen pour assurer une vraie neutralité, indépendance et pluralité de ce groupe ou s’il considère que sa conception du principe constitutionnel de laïcité, principe fondamental de la République, l’autorise à mépriser les citoyens en les prenant pour des « enfants de choeur ».

Des ministres comme L. Wauquiez, c’est la honte de la société française

Vous l’aurez compris, ce titre a pour but de répondre à cet homme politique qui ose déclarer que les bénéficiaires du RSA sont le cancer de la société française. 

Ou plus exactement, je cite Laurent Wauquiez, invité de l’émission BFMTV 2012-Le Point-RMC dimanche 8 mai : « Quelle est, pour moi, la principale injustice dans notre pays ? C’est que celui qui travaille n’ait pas un véritable écart avec celui qui bénéficie des minima sociaux (…) Cette situation-là est pour moi le cancer de la société française ». 

S’il est une honte et un cancer, c’est qu’il soit toujours, et plus que jamais, possible dans notre pays de s’enrichir en dormant (cette expression a 30 ans, ne l’oublions pas) tandis qu’on perd chaque jour du pouvoir d’achat quand on est un travailleur smicar ou un agent de la fonction publique. S’il est une honte et un cancer, c’est que les stocks-options existent tandis que la précarité gagne chaque jour du terrain pour la majorité des salariés ! 

Mais que veut Wauquiez et la droite en s’exprimant ainsi ? Faire passer les organisations syndicales et politiques, bref la gauche –la vraie, pas celle qui se contente des emplois aidés- pour apologistes de l’assistanat. Eh bien ce qu’on doit rappeler sans cesse, c’est qu’AVOIR UN TRAVAIL EST UN DROIT dans notre République. Et que lorsque ce droit est bafoué les minima sociaux ne sont qu’un piètre dédommagement du citoyen par la société. 

Et j’ajouterai que pour que le travail soit respecté, il faut qu’il soit reconnu, donc correctement payé… 

Qu’en pensez-vous, M. Wauquiez ? 




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