Réussite du « Printemps des services publics » ce samedi 29 mai.
Après un départ en douceur le matin, les participants sont arrivés nombreux dans l’après-midi sur la place de la bataille de Stalingrad (Paris 19ème) où les stands d’organisations défendant le Service public étaient montés malgré un temps qui n’était pas trop de la partie. Nous avons eu la visite de plusieurs élus ou membres de Cabinets de la mairie de Paris qui avait prêté son concours. Et il faut surtout saluer la présence de Bernard DEFAIX, président de Convergence pour les services publics.
Je veux souligner la grande qualité du débat central organisé sur la tribune sur la santé. Pour les autres débats, le lieu était trop excentré : à revoir pour l’année prochaine, de même que l’emplacement des expos. Entre autres, l’excellente expo sur les retraites préparée par Jean-Claude Chailley, porte-parole de RESO, était mal située. Ces petits détails devraient être réglés l’année prochaine.
Félicitations à Michel JALLAMION, au CDDSP75 et à l’ensemble des camarades et organisations qui ont participé activement à cette réussite. Et souhaitons « bon vent » au Printemps 2011 !
Regardez les photos :
Quelques unes ainsi que les textes de l’expo sur les retraites sur le site de RESO : http://www.resistancesociale.fr/spip.php?article1335
et l’ensemble des photos sur le site facebook de Résistance sociale : http://www.facebook.com/profile.php?id=100000976745615
Ci-dessous mon intervention sur le thème : « Services publics : vision d’avenir ? Services publics, vision d’avenir ! »
La question est intéressante mais elle n’appelle pas pour moi à envisager l’avenir sans faire appel à la mémoire, sans voir d’où on vient, comment çà s’est passé et pourquoi.
Les services publics, tels que nous les pensons aujourd’hui, sont issus des travaux du Conseil National de la Résistance et –également-, on le dit moins, de la pensée du Front Populaire.
Que voulait-on en 36 comme en 45 ? On voulait reconstruire le pays, certes ! Mais on ne voulait pas le reconstruire n’importe comment. On privilégiait la satisfaction des besoins de tous – éducation, transports, santé, poste et téléphone mais également sécurité sociale et retraites, … – ce ne sont que des exemples qui ont été définis comme des besoins auxquels il fallait répondre pour tous les citoyens.
En 36 comme en 45, ce n’est pas aux entreprises privées qu’on a demandé de répondre à ces besoins (il faut dire qu’en 45, des capitalistes qui n’avaient pas trempés dans la collaboration, on aurait eu du mal à en trouver). Mais, au-delà, à ces périodes, on comprenait bien que pour satisfaire aux exigences d’égalité, de continuité, de citoyenneté, il fallait instituer des services publics.
Ainsi, successivement, ont été mis en place l’école publique, la SNCF, les hôpitaux publics, les PTT, etc… afin de permettre à tous, quelle que soit l’appartenance sociale ou géographique, d’avoir accès à l’éducation gratuite, mais aussi de pouvoir se déplacer ou téléphoner, envoyer du courrier à un prix raisonnable grâce au système de la péréquation ou d’avoir accès à des soins hospitaliers sur l’ensemble du territoire national grâce au financement public des hôpitaux publics.
En soulignant tout cela, je ne veux pas paraître comme nostalgique d’un passé avec un improbable âge d’or des services publics, je veux rappeler pourquoi les services publics ont été mis en place, au service de quoi et de qui.
Et parce qu’on s’était bien rendu compte à l’époque que le privé n’était pas apte à répondre à ces besoins. Parce que –il est banal de le dire mais çà n’ôte rien à cette vérité – le privé préférera toujours l’intérêt de ses actionnaires (il est fait pour çà) à la pensée sur le long terme qui inclut certes l’investissement mais aussi la maintenance (un exemple : l’état des chemins de fer britanniques privatisés). Le privé ne s’intéressera donc pas non plus aux territoires où il n’y a pas de bénéfices à faire. Je m’explique. Si un opérateur téléphonique national a permis que la France soit entièrement reliée par le téléphone fixe dans les années 60, la concurrence des opérateurs mobiles d’aujourd’hui fait qu’à Paris on est au réseau de 3ème génération tandis que sur certaines parties rurales de notre territoire, on ne capte toujours pas.
Car qu’a-t-on fait ces dernières années où l’idéologie libérale avait tout envahi :
- on a privatisé officiellement ou sournoisement,
- on n’a pas créé de nouveaux services publics sur de nouveaux besoins,
- on casse de l’intérieur (par la RGPP, la diminution des effectifs) les missions des services publics,
- on les casse de l’extérieur en les confrontant à la « concurrence libre et non faussée », alors qu’ils n’ont même pas les moyens de se placer dans la concurrence puisqu’on leur confie les missions non rentables, que le privé n’assume évidemment pas.
Alors les services publics, vision d’avenir ? Eh bien tout simplement cela dépend de la vision d’avenir que nous avons de notre société. Car les services publics ne sont qu’un moyen, un outil au service d’un projet.
Si je soutiens les services publics, c’est qu’ils sont un outil au service à la fois de l’égalité et de la solidarité.
Si, avec Réso, que je représente ici, nous avons soutenu toutes les mobilisations, par exemple, de l’AP-HP dont je suis issue, c’est qu’il n’y a pas mieux en Ile de France que cet hôpital public pour, à la fois, mener une recherche de haut niveau et investir sur l’avenir et être, en même temps, un hôpital de proximité qui accueille chacun, quelle que soit sa position sociale ou financière. Et si Sarkozy et Bachelot cassent l’AP-HP, c’est qu’ils ont une autre conception que moi de la société. C’est qu’ils savent que la santé peut aussi être un marché, un marché qui rapporte aux actionnaires des cliniques privées et qu’il faut pour cela étrangler l’AP.
Deux modes de sociétés s’affrontent : celui d’une société solidaire et efficace et celui de la marchandisation et du rapport, du retour immédiat sur investissement.
Un autre exemple que je vis hebdomadairement, le logement. On dit que c’est un droit. Et le gouvernement actuel, qui vit dans la communication, a inventé le DALO (droit opposable au logement). C’est une blague. Une blague insultante. Que dois-je dire à tous ces gens qui viennent me voir à ma permanence d’élue ? Que leur droit est virtuel ? Qu’il n’y a pas de service public du logement pour satisfaire leur droit ? Oui, DALO sans l’outil du service public, c’est du vent.
Un autre exemple : la nécessité d’un service public de la petite enfance. Avec ses difficultés – que je ne nie pas – il existe en zone urbaine (quelquefois délégué, hélas, et même si les crèches de la Ville de Paris ne sont pas parfaites, je les préfèrerai toujours à des délégations de services publics accordées à des multinationales de la petite enfance dont les dirigeants sont fort bien payés et les personnels exploités), mais dans les zones rurales ce service est quasi-inexistant.
Le service public c’est aussi l’égalité territoriale.
Un exemple à l’autre bout de la vie, avec la nécessité d’un service public de la dépendance pour, entre autres, le grand âge. Ce serait, là encore lutter activement contre la marchandisation de la société car dans ce domaine aussi les libéraux ont trouvé un marché. Ethique, égalité et simple décence n’en sont pas le cœur.
Je continue dans les exemples. Le secteur des assurances est totalement privatisé. Il s’attaque avec agressivité au fromage que constituent la protection sociale, sanitaire, le handicap, la dépendance. Ne croyez-vous pas que la réponse est aussi dans le service public ?
Et les ressources rares comme l’eau ? Ne serait-il pas temps de remettre la production, la distribution et la gestion de l’eau totalement dans le service public dans le cadre d’un monopole ? Ce serait la mise à disposition de tous à un prix raisonnable mais aussi un gage de gestion non soumise aux impératifs du marché et une protection de l’avenir.
J’arrête là les exemples. Je répète le fond de ma pensée : c’est le type de société que je souhaite et pour laquelle je me bats, c’est donc ma vision d’avenir qui m’impose les services publics.
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