Je suis -malgré tout- toujours étonnée du manque de pudeur avec lequel les élus de droite défendent les privilégiés. Ce conseil de Paris a encore été l’occasion de le constater. Les élus UMP n’ont pas hésité à s’opposer à la nouvelle tarification sociale présentée par la municipalité et à son uniformaistion sur l’ensemble de paris, permettant ainsi un té-équilibrage au profit des arrondissements populaires.
Ci-dessous, mon intervention.
Monsieur le Maire, Mes chers collègues,
Disons–le clairement : les élues républicaines-socialistes apparentées au groupe PSRGA se réjouissent de cette délibération qui s’inscrit dans le droit fil des réformes initiées dès 2001 par notre ancien collègue Eric Ferrand, lequel avait fait reposer sa réflexion sur 3 grands principes, à nos yeux, fondamentaux : le progrès social, l’égalité, la solidarité.
Je rends donc ici hommage à sa ténacité et son long travail de fond en même temps qu’à cet excellent rapport et à la volonté politique affirmée de Madame Colombe Brossel : il est démontré que cette réforme renforcera l’égalité territoriale sur l’ensemble de Paris en instaurant, dans la fidélité à nos engagements, une mesure de justice sociale dont le moins qu’on puisse dire, est qu’elle est nécessaire particulièrement dans la période de crise que nous traversons.
Jusqu’alors, la restauration scolaire à Paris est caractérisée par une forte disparité des tarifs en fonction des arrondissements. Disparité due notamment au fait que le département avait délégué, en 1961, la compétence de fixation des tarifs, attribuée pourtant aux communes dans le code de l’éducation, à chacune des caisses des écoles. Voici, à l’évidence, une décentralisation faite aux dépens de la solidarité !
Ainsi, aujourd’hui, pour les écoliers et pour les 50% de collégiens servis par les caisses des écoles, il existe 16 caisses qui ont une grille de 8 tranches reposant sur les quotients familiaux mais avec chacune des tarifs différents et 4 caisses qui ont une grille tarifaire à 5 tranches ; ceci aboutit à d’étonnantes disparités : à revenu identique, le prix du repas pour une famille à faibles revenus varie dans un rapport de 1 à 10 sur le territoire parisien.
Au moment où on observe que les restaurants scolaires des collèges sont à nouveau fréquentés, cette inégalité est aggravée par les tarifs pratiqués dans les 40 collèges non desservis par une caisse des écoles. Ces établissements pratiquent un prix unique, sans prise en compte de la situation sociale des familles, si ce n’est par le biais du fonds social de chacun.
L’harmonie des prix de cantine quel que soit l’arrondissement de résidence sera, incontestablement, la garantie de l’égalité de tous les petits Parisiens de l’école publique.
Elle permettra ainsi, non seulement de proposer les mêmes tarifs aux familles dans tous les arrondissements parisiens en fonction d‘une grille identique de quotients familiaux, mais aussi de répartir de manière plus équilibrée l’effort demandé aux familles, notamment à celles aux plus faibles revenus et aux revenus moyens. Près de 65% des familles parisiennes verront leur tarif de cantine baisser.
Je m’étonne donc de l’offensive de nos collègues de droite contre cette mesure de justice sociale ! Enfin, je ne m’en étonne qu’à moitié puisque les maires UMP ne ratent jamais une occasion de défendre leur pré-carré et -oserais-je le dire- leur ghetto de riches : quand on refuse le logement social dans son arrondissement, quand on soutient un gouvernement qui va supprimer les aides ponctuelles de 500€ pour les chômeurs mais qui maintient le bouclier fiscal, on refuse aussi la justice sociale par la solidarité financière à Paris, c’est bien cohérent ! Cependant je ne pensais pas que les maires des 6ème et 8ème arrondissements iraient jusqu’à tomber dans le piège de se caricaturer eux-mêmes en refusant d’inscrire cette délibération à l’ordre du jour de leur conseil…
Vous êtes quand même peu crédibles, mes chers collègues, quand vous tenez un pseudo-discours de défense des classes moyennes, alors que vous savez –chiffres à l’appui- que cette réforme ne leur est pas du tout préjudiciable, quand vous vous insurgez que le tarif de la tranche 8 (pour des revenus supérieurs à 6250 € pour un enfant, supérieurs à 7500€ pour deux enfants) soit de 5€ ! Quand j’entends ici que ces parents-ci seraient « accablés », je me dis que certains n’ont pas peur du ridicule. En tous cas, nous, voici une décision que nous assumons, mieux : que nous revendiquons !
Bravo et merci, Madame Brossel, d’avoir gardé le bon cap, d’avoir écouté non seulement les maires –et pas seulement ceux de droite !- mais aussi les directeurs des caisses des écoles et d’avoir mené à bien cette réforme.
Dans le 20ème arrondissement, c’est ainsi 130 000 euros de pouvoir d’achat qui sera redistribué aux familles modestes et moyennes. Et, dans cet arrondissement populaire, croyez-moi, ce n’est pas rien.
L’étape suivante serait d’aider à l’accélération de l’amélioration qualitative des repas. Je m’explique par un exemple. Le 2ème arrondissement fournit environ 1200 repas, le 20ème dix fois plus. Imaginez que, tant pour des questions de quantité que pour des questions de sociologie, cela coûte beaucoup plus cher à la caisse du 20ème de proposer des repas bio ! Et pourtant, et je sais que ce n’est pas le maire du 2ème qui dira le contraire, nos enfants du 20ème y ont autant droit.
Dans cette attente, voici, en tous cas, une belle marche de franchie pour l’égalité et la solidarité. Notre municipalité reste fidèle à elle-même et, je n’en ai aucun doute, les Parisiens accueilleront cette réforme avec satisfaction.
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