Je viens de l’apprendre à l’autre bout du monde, sur un lit d’hôpital : Jean Ferrat est mort.
Oui, je ne le cache pas : j’ai laissé couler une larme sans chercher à l’essuyer. Jean Ferrat a fait partie de mon enfance puis de mon adolescence qui s’éveillait à la vie militante.
Des tas de bribes de chansons me reviennent à l’esprit. Poëte et homme engagé, le dernier des 4 géants, était sans doute le plus attachant. Par TV5- Monde je constate que l’hommage qui lui est rendu est planétaire (en francophonie) et c’est bien. Radio Canada lui consacre une émission spéciale.
Allez ! Un petit tour de nostalgie sur :
http://www.musicme.com/#/Jean-Ferrat/videos/2.html?res=vidweb
et puis : “Ma France”, 1969
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j’ai vécu à ce que j’imagine
Je n’en finirai pas d’écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d’été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche
Quelque chose dans l’air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu’on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d’Éluard s’envolent des colombes
Ils n’en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu’il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n’en plus faire qu’une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l’histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l’on vend le matin d’un dimanche
A l’affiche qu’on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu’elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l’avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France