Accueillis par Christian Hutin, député-maire de Saint-Pol-sur-Mer, une centaine de participants se sont retrouvés samedi 17 octobre à la Maison du Méridien de Dunkerque Malo-les-Bains pour les « 7èmes Vendémiaires » de Résistance Sociale, association nationale loi 1901 constituée en 2003 pour contribuer à favoriser l’échange entre militants politiques, associatifs et syndicaux.
Une quinzaine de personnalités engagées dans le milieu syndical (CGT, FO, CFDT, CFTC), associatifs (Convergence nationale pour la défense et le développement des services publics, Collectif national de défense des hôpitaux publics et des maternités de proximité, R&S, M’PEP) et politiques (PS, PCF, PG, MRC, Verts) se sont réunis pour débattre entre eux et avec les citoyens de Dunkerque. Diverses problématiques, autour de la question posée « Comment articuler Résistance Sociale et alternative au capitalisme ?», furent abordées.
Cette grande diversité a permis des débats riches, construits et à un véritable échange et dialogue entre les intervenants et avec la salle.
> De l’avis de tous, la crise sociale qui touche la France est réelle : bientôt 10 % de chômeurs officiels, précarisation généralisée (explosion des demandes de RMI et diminution de 20 % des CDI). Si la spéculation a repris (+50 % pour le CAC 40 depuis mars), les fermetures d’usines, les délocalisations, etc. continueront à se développer dans les mois à venir. Si l’argent public à sauvé les banques du nauffrage, les intervenants n’attendent rien d’elles en retour. Les attaques à répétition du gouvernement vis-à-vis du code du travail, des conditions de travail et des services publics (EDF-GDF, SNCF, La Poste…) laissent craindre une aggravation de la crise. La réalité que vivent les Français est la réalité sociale, non celle des marchés financiers.
Le matin fut l’occasion d’une réflexion commune autour du thème «Comment l’idéologie libérale peut-elle encore rester aux commandes. Comment Résister ?» très heureusement complétée par l’interrogation de la seconde table-ronde de l’après-midi « Comment créer les conditions de la résistance sociale et de l’alternative politique ».
L’ensemble des intervenants s’est accordé pour admettre que la lutte idéologique semble en défaveur des libéraux qui simulent désormais leur action sous des accents jaurésiens. Il semble évident pour tous que l’idéologie libérale est malmenée par les mobilisations des salariés, des élus et des citoyens.
Depuis 6 ans beaucoup de chemin a été parcouru. A cette époque, seule notre association réussissait à faire débattre publiquement un aussi large spectre politique, associatif et syndical pour deux raisons : il y avait une méfiance voire un mépris entre organisations syndicales et partis politiques et chaque groupement pensait avoir raison seul contre les autres. Aujourd’hui la multiplication des collectifs, des comités unitaires et la pluralité des débats publics montrent que la phase de convergence est enclenchée.
Cependant ces luttes unitaires restent sectorielles. D’où les difficultés selon les intervenants d’organiser la résistance pour inverser le rapport de force afin de passer à l’offensive. Ils souhaitent travailler l’unité du trépied organisations-citoyens-élus et leurs points de convergences. Il faut ancrer ceux-ci dans le réel afin d’expliciter notre conception d’une autre société basée sur la solidarité et la fraternité.
Comme l’a rappelé Patrice Bessac, jeune porte-parole du PCF, il faut rechercher le maximum de convergences avec les différentes organisations de gauche, approfondir le dialogue avec les organisations syndicales en débattant sur le fond sans concessions.
Tout le monde a semblé s’accorder qu’il faut travailler à l’articulation entre forces syndicales et forces poilitiques. C’est « la réalité des faits », selon Didier Rossi, reponsable FO-Communication qui impose de dépasser les complexes historiques et les réserves des uns et des autres.
Les divergences les plus dures à dépasser semblent être la conception européenne et la croissance.
Si l’idée de Jacques Nikonoff, porte parole du M’PEP, que la gauche doit assumer le rejet de l’Europe libérale en demandant la sortie de la France de l’Union européenne ne fait pas l’unanimité, la souverainté des peuples reste pour tous indiscutable : les peuples doivent décider de leur sort, leurs décisions ne peuvent pas être remises en cause, les biens communs doivent être constitutionnalisés.
Peu d’enthousiasme a été soulevé par Laurent Boughedada, responsable des Verts, lorsqu’il insistât sur la décroissance. Mais la discussion révélât un possible rapprochement : l’idée d’une nouvelle production atoujours été historiquement portée par la gauche. Il faut trouver un nouveau mode de croissance qui ne se fasse pas au détriment des salariés et des pays pauvres.
Autre consensus sur la nécessité d’en finir avec des institutions qui, depuis l’inversion du calendrier et le quinquennat, empêchent l’émergence d’autre chose que d’écuries présidentielles. Aussi l’idée des primaires n’a pas semblé susciter un large enthousiasme.
Par contre l’idée de rencontres de cadres intermédiaires syndicaux, politiques et associatifs semble avoir fait plus consensus à condition qu’un tel regroupement soit déconnecté de toute structure partisane. Cela pourrait permettre aux cadres intermédiaires politiques, syndicaux et associatifs de pouvoir dialoguer et peser dans le même sens : c’est une des conditions d’une large convergence.
Autre point d’accord pour tous, seuls les libéraux semblent avoir pris conscience que la lutte des classe était toujours d’actualité. Les salariés représentent désormais 91 % de la population active dont au moins 20 % d’ouvriers. Il y a là des intérêts convergents à faire valoir. La gauche doit donc renouer avec le peuple c’est-à-dire le salariat.
L’urgence d’une convergence rapide sur le dossier des retraites. Il semble vital pour tous de sauver la retraite par répartition mais pas au point de la vider de tout contenu : beaucoup d’ouvriers meurent après quelques mois de versements, voire avant même l’âge légal de départ contrairement aux cadres ou à certains employés du tertiaire. La prise en compte de la pénibilité doit se faire via l’espérance de vie par catégorie sociale professionnelle : celle-ci est de plus de 15 ans !
De nombreux autres points ont été abordés comme la fiscalité, la démocratisation des institutions et du fonctionnement des services publics, le droit de veto des représentants du personnel au CA, la professionnalisation de la politique, le statut de l’élu, l’internationalisme et l’universalisme, la charte de la Havane …
A la sortie tout le monde semblait s’accorder sur le haut niveau de débat de ses « Vendémiaires », certainement les meilleures selon Claude Nicolet (MRC), assidu depuis 2003, mêmes si les pistes doivent être approfondies, la multiplicité des axes de convergences et le vouloir travailler ensemble semblent évidents. Tout le monde souhaite non pas une simple alternance mais une véritable alternative.
Certains participants, devant la richesse des débats, ont même failli manquer leur train, à l’heure du retour ! Rendez-vous est donc pris pour des 8ème vendémiaires ?