Aujourd’hui, la Conseil de Paris suspendra sa séance à 13h pour que le Maire de Paris entouré des 4 présidents de Groupe de la majorité municipale aillent symboliquement ouvrir la consultation citoyenne organisée sur la poste et à laquelle la Mairie de Paris apporte son concours.
Michel Jallamion, secrétaire général du groupe MRC à l’Hôtel de Ville et moi-même, nous avons beaucoup bataillé pour que la municipalité parisienne s’investisse dans l’organisation de cette votation. Ce n’était pas facile au début. Je ne vous raconterai pas toutes les rencontres avec le cabinet du Maire, les élus socialistes, etc… pour qu’enfin le voeu que j’avais déposé en avril et qui a obtenu rapidement le soutien du Groupe PC-PG et des Verts, soit voté par l’ensemble de la gauche. Mais c’est fait ! Chacun a compris ce qu’il pouvait apporter à la « cause commune » et le Maire de Paris s’est réellement impliqué dans cette votation. La suite demain dans les journaux…
A propos de journaux, justement, un édito odieux dans le « Direct-matin » de ce jour signé B. Delais. Il pue la prétention de la supériorité de la prétendue élite face au peuple. Et avecune petite couche de Jean-Marie Le Pen : le peuple, bien sûr, ne peut que s’accoquiner avec le leader de l’extrême droite lorsqu’il cherche à exprimer son refus de la société qu’on veut lui imposer !
Je remarque, cependant et hélas, que ce mépris du peuple est largement partagé… y compris à gauche. Il y a les « sachants » et ceux « qui, dans les profondeurs de l’océan, sont les derniers atteints par les rayons de lumière ».
Ce n’est pas ma conception. Voici ci-dessous une réponse que je ferais volontiers à M. Delais…
Lettre ouverte à Monsieur DELAIS
Le Billet de Delais ou l’élite contre le peuple
Je me permets de réagir à deux titres au billet de Bertrand Delais paru dans votre journal :
- présidente du groupe MRC à l’Hôtel de Ville de Paris j’ai initié le vœu adopté par la Ville de Paris avec le soutien de l’ensemble des élus de la majorité (PCF,-PG, Verts, PS-PG) en avril soutenant la consultation populaire sur le changement du statut de La Poste.
- militante de gauche depuis les années 70, j’ai toujours combattu ceux qui voulaient confisquer la politique au peuple sous prétexte d’être des sachants autoproclamés.
Ce billet utilise les vieilles méthodes des bien-pensants.
D’abord M. Delais fait semblant de comprendre le sentiment populaire, je cite « non pas qu’il ne faille pas sauver son bureau de Poste. Cette envie est normale et après tout légitime », pour ensuite critiquer la votation citoyenne sur la forme « frénésie consultative », démagogie », « démocratie d’opinion »…, l’assimile (on est pas à une ânerie près) à une démarche d’extrême-droite (« a d’abord été porté par Le Pen »), pour expliquer que la sagesse recommande de ne pas donner la parole au peuple sur des sujets précis !
Cette argumentation est tellement insipide et incohérente que l’on s’y perd. Les mots ne semblent avoir aucun sens pour lui !
S’il est légitime de vouloir sauver sa poste il serait illégitime de s’exprimer pour la garder ? Le référendum est-il une idée de Monsieur le Pen ? Le fait que le président de la République n’ait pas pris la peine de prendre les décrets d’application permettant un référendum d’initiative populaire fait-il de ceux qui portent cette idée (organiser un référendum INSTITUTIONNEL sur la privatisation de La Poste) des proches du FN ?
La réalité est que les médias ne s’intéressent aujourd’hui qu’à des phénomènes d’ampleur. Le gouvernement en tient une bonne partie sous sa coupe et est passé maître dans l’art de la communication. Il s’agit pour les organisations syndicales (CGT, Solidaires, FO, CFTC, FSU) de se rapprocher des autres sphères politiques et associatives afin de faire naître un débat public. Or celui-ci, n’aurait pas pu être amorcé sans cette votation, même si d’aucuns comme M. DELAIS tentent de le fausser.
C’est une erreur de vouloir privatiser La Poste, tous les exemples étrangers nous le montrent !
Il s’agit d’une attaque frontale à un symbole de la solidarité nationale porteur de lien social !
Alors oui, pourquoi le peuple n’aurait-il pas le droit de se prononcer ?
Réponse de M. Delais : « ce précédent nous éloigne des mœurs d’un pays adulte où l’on accepte de confier les clés de la maison au terme d’un vote, politique celui-là ». Bref, les électeurs ont voté pour leur dirigeant et ce n’est pas mature de remettre en compte leurs décisions!
Mais, Monsieur, ce qui est enfantin, c’est de confier vos clefs et de ne pas hurler lorsque vous constatez que la personne à qui vous faisiez confiance est en train de saccager votre maison !
Ce qui est enfantin c’est de croire que nos élus n’ont besoin ni de pression ni d’être responsable devant leurs électeurs ! Tout le monde est d’accord sur le constat du schisme entre le peuple et notre élite auto-proclamée, mais s’étonne lorsque le peuple se mobilise (et il se mobilisera !) pour défendre un service public qu’il juge essentiel !
Ce que nous demandons, c’est un référendum institutionnel ! Que le président, puisqu’il est sûr de sa légitimité, le demande ! Il en a le pouvoir et le droit constitutionnel !
En attendant, cessez de croire que le peuple est un enfant. La République c’est de donner un enseignement de qualité à tous pour créer des citoyens. L’objectif est de faire participer le plus grand nombre à la chose publique. C’est ce à quoi aide cette votation citoyenne : empêcher que les décisions soit prises par une élite auto-proclamée, par des gens qui se jugent au-dessus de peuple qui les a élus, indépendants des citoyens qu’ils sont censés représenter !
Vous vous croyez au-dessus du peuple, vous croyez faire partie d’une élite. Vous n’êtes que le dernier avatar d’une élite auto-proclamée au même titre que l’a été l’aristocratie! Vous méprisez le peuple, gageons que cela est réciproque. Celui-ce est souverain. C’est un fait reconnu en droit. Il l’a démontré tout au long de notre histoire et le redémontrera.