60% d’abstention, l’UMP en tête, le PS en chute libre, le bon résultat des Verts, le rattage du MODEM, l’émergence -insuffisante cependant- du Front de Gauche. Voilà pour les chiffres bruts.
Une fois de plus, mais c’est toujours plus significatif lors des élections européennes, les couches salariées modestes et populaires ne sont pas allées voter. Ca en devient presque une réaction de classe. Alors qu’il ne passe pas de jour sans une grève, une occupation d’usine, un mouvement social qui s’oppose à une fermeture d’entreprise, une délocalisation, une atteinte aux salaires, les salariés les premiers concernés ont « zappé » l’élection européenne. Pas si bêtes qu’on veut bien dire, ils ont compris à la fois que le Parlement européen ne servait à rien … et que, de toutes façons, le politique n’était pas (encore ?) en mesure de proposer une alternative.
Le droite va se glorifier de son score et d’être arrivée en tête. C’est le jeu, et elle va y être aidée par les médias à sa botte… La réalité est qu’elle entraine seulement quelques 10% des électeurs !
Pour le MODEM, le clash de Bayrou face à Cohn-Bendit n’a pas fonctionné au contraire de la claque qu’il avait donné à un gamin chapardeur lors de la campagne présidentielle. Il devra revoir ses ambitions personnelles à la baisse. Européïste, libéral et anti-laïque, qu’il est, je ne le regretterai pas.
Les listes vertes ont connu leur meilleur score… avec, pourtant, à leur tête un libéral convaincu, mais qui a eu l’intelligence de faire une campagne écolo-proprette et pas du tout libérale. Il a réussi à fixer ainsi ceux qui n’ont pas de difficultés sociales et pour lesquels l’environnement est la préoccupation essentielle. Le vote « Vert » devenait ainsi, mieux que Bayrou, leur vote contestataire du PS et de l’UMP.
Quant au Front de Gauche, le pari n’est pas totalement gagné. Une raison de plus de regretter qu’il n’ait pu rassembler l’ensemble des opposants sérieux au libéralisme. Et donc le MRC. Au lieu de entre 6 et 7%, si le Front de Gauche avait fait entre 7,5 et 9%, la force -au moins électorale- ainsi créée à la gauche d’un PS déjà pas mal amoché aurait pesé lourd…
Mais on ne réécrit pas le passé. Il faut maintenant s’atteler à reconstruire la gauche avec tous ceux qui sont prêts à débattre sans a priori pour faire se rejoindre un projet politique véritablement alternatif et les aspirations du mouvement social.