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Archive journalière du 28 avr 2009

Défendre l’hospitalisation publique

Nous étions ce mardi matin autour de 18000, principalement différents personnels hospitaliers, médicaux ou administratifs de l’AP-HP, à défiler dans les rues de Paris contre la loi Bachelot.

La fameuse T2A avait déjà aligné l’hôpital public sur les cliniques privées en faisant fi des missions spécifiques du public : accueil de tous sans discrimination, recherche, formation, par exemple. Aujourd’hui cette loi Bachelot n’a pour autre objectif que de transférer le « marché de la santé » au privé. Logique d’ensemble de tout le gouvernement et de tout bon libéral qui s’appuie souvent pour « mieux faire » sur les institutions européennes. 

Ce matin, dans la rue, les blouses blanches des soignants avaient été rejointes par celles des médecins. Ce matin, les administratifs, comme les directeurs d’hôpitaux, auxquels on demande d’exécuter les directives pour « exécuter » la santé publique, disaient : non.

Une fois n’est pas coutume, les seigneurs hospitaliers ont renaclé. Je publie ci-dessous leur appel qui ne manque pas de pertinence :

« En 1958, la grande réforme menée par le Professeur Robert Debré allait permettre à la médecine française de devenir en 30 ans « la meilleure du monde ». Cinquante ans plus tard, le Parlement va-t-il voter la loi « Bachelot » qui porte en elle la disparition de cette médecine hospitalière au profit d’une médecine mercantile ? Le maître-mot n’est plus la santé mais la rentabilité. La préoccupation centrale n’est plus le malade mais le compte d’exploitation de l’hôpital. Et les premières victimes en seront les patients et les soignants. Cette loi cale l’hôpital sur l’entreprise. Elle donne tous les pouvoirs au Directeur de l’Hôpital, nommé et révoqué par le Directeur de l’Agence Régionale de Santé, lui-même nommé et révoqué par le Conseil des Ministres. Ce directeur pourra n’avoir aucune compétence médicale ou en santé.C’est pourtant lui qui arrêtera le projet médical de l’hôpital. Lui aussi qui nommera et révoquera les médecins responsable des structures de soins (pôles, départements, services). Sur quels critères ?La tarification des actes est semblable dans les secteurs privé et public comme si les pathologies et la continuité des soins y étaient comparables ! La pensée marchande dont se prévaut cette loi réduit le qualitatif au quantitatif, le malade au tarif de sa maladie.Dans le même temps on organise des suppressions massives et injustifiées d’emplois d’infirmières et d’aides-soignants. Bien sûr, l’hôpital public doit être réformé. Mais certainement pas de cette manière.

Il faut repenser l’organisation hospitalière pour répartir de manière harmonieuse sur le territoire, sans redondance, les stuctures de soins et les spécialités en prenant en compte aussi leur niveau de technicité et l’accueil des urgences ; organiser la continuité des prises en charge au fur et à mesure de l’évolution du type de soins que demandent les malades.

Il faut réfléchir aux nouveaux métiers de la médecine ; prendre en compte la nécessaire pluridisciplinarité ; reconnaître et valoriser les actes des infirmières et des personnels paramédicaux (psychologues, diététiciennes, orthophonistes, etc.) ; promouvoir la prévention, le dépistage, l’éducation thérapeutique.

Il faut impliquer toutes les unités de soins hospitalières dans des activités de recherche structurées et adosser les orientations cliniques à un projet médical qui ne soit pas fondé sur la rentabilité mais d’abord sur les besoins de la population, l’évolution prévisible des grandes questions de santé publique, l’avancée des connaissances et des progrès technologiques.

Il faut un financement, propre à l’hôpital, qui tienne compte de l’innovation, de la lourdeur des pathologies, de la précarité, des handicaps de la vie. A cet effort-là, source de progrès et de solidarité, tous les médecins et personnels hospitaliers sont prêts à souscrire. Mais pas à cette loi destructrice et injuste.

Soyons clairs. Si cette loi n’est pas amendée, elle s’appliquera sans nous, médecins et chirurgiens de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris. Demain, côte à côte, et pour la première fois, infirmières, agents hospitaliers et administratifs, médecins seront dans la rue. Preuve que les mentalités ont changé, que l’union est faite pour que soit supprimé le volet hospitalier de la loi « Bachelot » et pour que s’ouvre enfin un débat à la hauteur de l’enjeu : il est encore temps et il est urgent d’organiser les Etats Généraux de l’hôpital public.

Les 25 signataires:
Pr. Basdevant, endocrinologue, Pitié Salpetrière Pr. Bourgeois, rhumatologue, Pitié Salpetrière Pr. Bousser, neurologue, Lariboisière Pr. Brochard, anesthésiste réanimateur, Henri Mondor Pr. Dubourg, cardiologue, Ambroise Paré Pr. Fischer, pédiatre, Necker Enfants Malades Pr. Franco, chirurgien digestif, Antoine Béclère Pr. Frydman, gynécologue obstétricien, Antoine Béclère Pr. Gaudric ophtalmologue, Lariboisière Pr. Gluckman, hématologue, Saint Louis Pr. Godeau, médecin interniste, Henri Mondor Pr. Grimaldi, diabétologue, Pitié Salpetrière Pr. Guillevin, médecin interniste, Cochin Pr. Kieffer, chirurgien vasculaire, Pitié Salpetrière Pr. Kuttenn, gynécologue médicale, Pitié Salpetrière Pr. Lyon-Caen, neurologue, Pitié Salpetrière Pr. Mariette, rhumatologue, Bicêtre Pr. Menasche, chirurgien cardiaque, Georges Pompidou Pr. Musset, radiologue, Antoine Béclère Pr. Niaudet, pédiatre, Necker Enfants Malades Pr. Sahel, ophtalmologue, Hôpital des Quinze-Vingts Pr. Sedel, chirurgien orthopédiste, Lariboisière Pr. Valla, hépatologue, Beaujon Pr. Varet, hématologue, Necker Pr. Vernant, hématologue, Pitié Salpetrière

Si vous voulez soutenir cet appel : http://tempsreel.nouvelobs.com/php/petition19/

Serge RAVANEL nous a quittés.

Comme Lucie Aubrac, comme d’autres résistants, il a été l’honneur de notre Pays.

 Je mesure la chance que j’ai eue de le connaître.

Un hommage lui sera rendu le 5 mai aux Invalides.

Quelques chiffres qui font peur et une petite victoire qui remonte -un peu- le moral

Ile-de-France : – 18% des intentions d’embauche ; -25% des projets de recrutement ; +11% de chômage. En France : +19% de chômage , +77000 demandeurs d’emploi en mars ; en fécrier 79 900.

Et on s’étonne que les salariés deviennent nerveux ! Il serait plus juste de s’étonner qu’ils ne soient pas plus violents ! Comment s’étonner que les conflits se durcissent et comment ne pas être scandalisé lorsqu’on entend Fillon ou Rafarin s’émouvoir du sort des patrons et demander des « sanctions judiciaires » ? « Fermes » les sanctions, dit Raffarin, « pour que ça cesse ». Mais ne comprennent-ils pas que c’est la désespérance qui conduit les travailleurs à agir ainsi. En France, les salariés ont toujours respecté l’outil de travail et le bien public. Beaucoup plus que le patronnat pour lequel l’entreprise n’est qu’une source de profit; quant aux institutions publiques, si elles ne servent pas leur intérêt…

Mais rassurez-vous ce même patronnat vit dans une quasi totale impunité (Sarkozy leur demande d’avoir un comportement ethique en temps de crise et Laurence Parisot, elle, n’hésite pas à exiger qu’on fasse confiance à leur sens de la responsabilité ! Ben voyons !) .

Selon que vous serez puissant ou misérable…

Alors pourquoi ne pas le reconnaitre, même si je sais bien que la victoire n’est que temporaire, j’ai éprouvé la même joie vengeresse que les salariés de Caterpillar quand j’ai appris que le tribunal de Grenoble donnait raison au comité d’entreprise  et imposait, ainsi, la reprise des négociations.




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