Je m’exprimerai plus tard sur ce que je pense de la manière dont s’est déroulé le CN du MRC du dimanche 22 mars, mais également l’ensemble des négociations. En attendant, vous trouverez ci-dessous le texte de mon intervention :
« Ce n’est vraiment pas une nouvelle : nous avons des désaccords importants avec le parti communiste, avec le PG, encore plus sans doute avec les Alternatifs et la Gauche unitaire. Le texte auquel sont arrivés, après beaucoup de travail dont il faut les remercier, nos négociateurs, n’est pas un texte qui serait issu d’un congrès du MRC.
On se demande si ce texte est acceptable ?Je me demande, moi, si, sérieusement, c’est la bonne question.
Pourquoi ? Parce que je me souviens. Je me souviens que nous avons fait liste commune avec le PS. Alors je sais ce que valent les textes
Croyez-vous que JL Mélenchon est en accord avec ce texte ? Eh bien allez voir sur le site de son parti ses options sur l’Europe. Il s’en moque du texte Jean-Luc Mélenchon ! Il joue une échéance. Si le Front de Gauche fait un score et si nous n’en sommes pas, le seul vainqueur sera JL Mélenchon. Et c’est lui qui comptera en 2012. Pas nous. Nous auxquels on répète que la seule échéance qui compte est la présidentielle !
Revenons à nous justement.
Nous sommes des républicains. De gauche. Vous savez que ma conception de la République ne peut se confondre avec la droite. J’ai eu l’occasion de développer cette idée ; je n’y reviens pas. Nous croyons à la souveraineté nationale. J’espère qu’elle se confond avec la souveraineté populaire. Sinon c’est quoi la souveraineté nationale ? Qui la porte ?
Nous n’avons pas la même conception de la construction européenne. Ce n’est pas une découverte.
Alors, qu’avons-nous de commun avec le PCF et le PG ? Nos refus. Nos refus de l’Europe libérale. Ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça.
Et c’est beaucoup plus que ce que nous avons avec le PS ! Ce qui ne nous a pas empêché de faire liste commune avec lui. Nous avions alors subi une campagne « européiste ». Je me souviens des tracts avec le petit encart MRC qui disait le contraire de l’ensemble du texte distribué.
Si le problème c’est le texte, alors pourquoi avions-nous accepté d’être présents sur cette liste ?… Parce que, politiquement, nous voulions avoir des élus. Et nous avons eu 2 élus -dont l’une était autant chez nous que moi je suis évêque, mais bon…- Et pourtant, à l’époque, nous avions eu raison de faire cette alliance. Indépendamment du texte.
J’ai bien écouté Guillaume Vuilletet et je crois qu’il a dit 2 choses intéressantes :
- il aurait voulu faire l’alliance avec le PS car ça aurait été le signe que celui-ci aurait voulu renouer avec le peuple ;
- il aurait voulu faire alliance avec le Front de Gauche car ça aurait été le signe qu’ils auraient renoué avec la Nation.
Mais, mes camarades, si tout ça avait eu lieu le MRC ne ferait pas 1%, soit il ferait 40% soit il n’existerait plus car il n’aurait plus de raisons d’exister ayant gagné idéologiquement. Mais nous n’en sommes pas là. Il faut partir de la réalité. Et la réalité c’est que notre choix d’alliance ne peut être fait qu’avec des gens avec lesquels nous sommes en désaccord !
Je n’ai, pour ma part, jamais eu de rapports schizophréniques avec le PS. J’ai, au contraire, toujours dit qu’il était divers dans sa base, qu’il ne fallait pas lui appliquer un ostracisme systématique. Reconnaissez qu’à l’époque ce n’était pas très porteur au MRC.
Vous savez, moi, une alliance avec le PS ne m’aurait pas horrifiée sur le fond. Parce que je sais bien que ça ne nous aurait pas contaminés. Que nous serions restés ce que nous sommes.Si j’étais contre une alliance avec le PS c’est que je pensais que c’était stratégiquement inutile. Une grande partie du peuple n’a plus confiance en ce parti et ne vote pour lui que par défaut. Cette grande partie du peuple cherche une autre issue, un autre espoir.
C’est la seule et la vraie raison de mon souhait que nous participions à ce Front de Gauche. Redonner un espoir au peuple me paraît être une vraie ambition. Plus même : une nécessité !
Alors je vois tout de suite ce qu’on va me répondre : cet assemblage est incapable d’avoir une cohérence pour gouverner (par parenthèse : quelle est celle d’un accord avec le PS ?) et ce manque de cohérence tromperait le peuple. Chers camarades, si vous pensez que nous en sommes à gouverner, vous êtes trop optimistes ! La gauche militante n’en est pas encore là. Le débat est sur la table et j’ai bien peur pour longtemps. D’ailleurs beaucoup l’ont dit : ce n’est pas pour demain le retour de la Gauche, d’une Gauche fidèle au peuple, au pouvoir. D’ailleurs, je pense de plus en plus que seule une gauche fidèle au peuple pourra y revenir.
Je crois, comme d’autres, que tout n’est pas pourri au royaume de Martine Aubry. Qu’il existe beaucoup de camarades PS, quelques uns au sommet, beaucoup plus chez les militants (rappelez-vous 2005 !) qui sont intéressés par nos analyses et finalement assez proches de nos idées. C’est vers ces camarades, nombreux, qu’un signe important serait utile. Ce signe ce pourrait être une liste à la Gauche du PS, mais pas d’extrême gauche, qui ferait un score non ridicule.
Ne caricaturons pas ce Front de gauche ! Le PCF n’est plus celui de Marchais mais il n’est pas plus, de manière monolithique, un parti boboïsant ; il est divers et il y a des républicains : nous en cotoyons au Conseil de Paris. Quant au Parti de Gauche, toute la gauche y est présente, des ultra écolos aux vrais républicains –ces derniers pour partie issus de nos rangs. Arrêtons de caricaturer ce parti aussi divers que nous l’étions en 1992 lorsqu’on nous appelait le « Mouvement du Coin » !
Si nous ne nous battons pas aux côtés de ceux qui se battent vraiment (« mal », oui, je le sais, « mal ») contre le libéralisme, alors que 3 millions de personnes défilent dans les rues où serons-nous ? Et pourquoi pensez-vous qu’il y ait 3 millions de personnes dans les rues ? Parce que il y a le front uni syndical pas parce qu’ils sont d’accord avec un texte commun.
Les organisations syndicales ne savent pas quoi faire de ce succès ? Moi non plus, comme Georges SARRE, je ne leur jetterai pas la pierre. Ce serait un comble car ce sont bien les politiques, nous y compris, qui portent la responsabilité de donner un débouché politique aux luttes sociales !
Notre rôle c’est de construire (et, pour reprendre nos terminologies habituelles, ce n’est pas une stratégie de fusil à un coup mais plutôt celle de la longue marche), construire patiemment et sans relâche une force de gauche.
Alors j’ai bien compris qu’on nous appelle à fermer cette porte.
Je vous dirais donc ma très grande crainte sur l’avenir de notre mouvement. Je le dis avec sérénité, -moi que l’on a soupçonné de vouloir rejoindre Mélenchon, … même si je n’ai participé à aucun meeting ou débat sur internet- : je suis née politiquement dans la mouvance MRC et je mourrai -le plus tard possible- au MRC. Mais je sais, bien qu’on ne veuille pas le dire tout haut, que beaucoup de camarades ne resteront pas l’arme au pied dans cette campagne. A quoi ça sert de se le cacher ?
Si, au moins, on pouvait, comme l’ont proposé entre autres Jean-Pierre Lettron, Michel Sorin, Catherine Coutard et d’une certaine manière Georges Sarre, ne pas apparaître comme les casseurs de cette dynamique. Votons un texte sur la base de ce qu’a demandé Catherine Coutard et proposons le à nos partenaires. Sans cela mes camarades, le Front de Gauche n’aura peut-être pas les » cadres » du MRC, mais il aura les militants et les colleurs d’affiche… enfin ceux qui restent.
Ne considérons pas aujourd’hui que les choses sont terminées.
Etre présents dans ces élections ne va peut-être pas nous sauver. Etre absents risque de nous faire très mal. Et si Pierre Dubreuil disait tout à l’heure : « l’important c’est qu’il nous reste nos valeurs », c’est vrai mais nous serons combien pour les porter ? »