Allez, ne boudons pas notre plaisir : Barak Obama est le nouveau président des Etats-Unis d’Amérique !
L’ère Bush est terminée, cependant, cette élection m’inspire un tas de réflexions contrastées.
Obama, dit-on, a été élu très largement -on parle même de raz-de-marée- mais si l’apparence est, en effet, telle : 338 grands électeurs contre 159 à McCain (à cette heure), le vote populaire réel est bien différent. Obama a obtenu 51% des voix. En France, on dirait que le pays est coupé en deux.
Si l’obamania a plus atteint le monde que les Etats-Unis, on ne peut cependant nier la ferveur populaire qui s’est exprimé non seulement cette nuit mais tout au long de la campagne électorale : des millions de gens votaient pour la première fois, principalement dans les classes populaires et chez les jeunes. Et ils se sentaient concernés, ils sentaient que leur vote comptait. 8 millions de volontaires, ce n’est pas rien !
Obama a su redonner fierté aux Américains. C’était franchement émouvant d’entendre, cette nuit, un jeune homme dire « on va changer notre politique étrangère et le monde va nous aimer de nouveau » ou cette femme : « je suis aujourd’hui fière d’être américaine, je peux dire « regardez mon pays », moi qui ai eu tellement honte qu’à l’étranger je me faisais passer pour suédoise ».
Obama a su, d’une certaine façon, dépasser le clivage racial. Il y a toujours 100 000 abrutis dans les organisations d’extême-droite et une grande partie de l’électorat républicain, derrière Palin, ne pouvait envisager de voter pour un Noir. Les Etats-Unis restent le pays du monde où segrégation sociale et ségrégation raciale se recoupent le mieux. Mais Obama ne s’est jamais situé lui-même comme un candidat ethnique et la foule, hier soir à Chicago, était clairement multiraciale. Et puis, comment ne pas comprendre la joie et la fierté des « afro-américains », comment rester insensible aux larmes du Révérent Jackson ?
Obama a su redonner l’espoir à un pays où il y a 40 millions de chômeurs, où, ces dernières semaines, 10 000 personnes devaient chaque jour, quitter leur maison dont elles ne pouvaient plus payer le crédit, à un pays où on peut mourir de faim, où on peut refuser de vous soigner dans un hôpital si vous n’avez pas d’assurance médicale privée.
Le programme de McCain était clairement de droite sociétalement comme économiquement et socialement : baisse des impôts, assurances privées, priorité aux grandes firmes privées pétrolières, d’armement et autres, remise en cause de l’avortement ou du mariage homo, impérialisme en politique étrangère,… tout jusqu’à la caricature.
Que va faire Obama ? Ses promesses sont bien différentes : plan de relance de l’économie et de la production pour contrer les effets de la crise financière et lutter contre le chômage, baisse des impôts pour 95% des Américains mais hausse pour les 5% les plus riches et taxations des plus-values boursières pour financer à travers une action de l’Etat (oui, Obama dit croire en l’action de l’Etat !), la recherche, l’éducation et les infrastructures. Une assurance médicale sera financée par une taxe sur les employeurs qui ne proposent pas une assurance à leurs salariés. Enfin le nouveau président s’est également engagé à quitter l’Irak dans les 16 mois. Pour le reste, en politique étrangère, le flou domine…
Alors, l’avenir est-il rose pour le peuple américain ? Sans doute pas. Le premier discours d’Obama élu était d’ailleurs un peu inquiétant : « vous ne serez pas toujours d’accord avec ce que je ferai ». Qu’est-ce qui se cache derrière ces mots ? Ca me rappelle quelque peu le 10 mai 1981. Tant d’espoirs levés pour « changer la vie » pour finir par changer d’avis…
Les Américains traversent une crise financière et un marasme économique sans précédent depuis 1929. Il faudra beaucoup de courage au 44ème président pour tenir ses engagements. Yes, he can ? Yes, they can ?